L'élevage est l'un des principaux moteurs de l'économie en Limousin. Réputé pour son aspect extensif, à l'air libre, est-il pour autant plus respectueux de l'environnement que d'autres formes d'élevage ? À l'heure des grands questionnements sur l'écologie, petit point sur l'impact environnemental de l'élevage bovin en Limousin.
Elle fait partie intégrante de nos paysages : la vache limousine, fierté de l'agriculture de notre territoire.
À Saint-Laurent-les-Eglises (87) au nord-est de Limoges, un troupeau pâture les prairies, base de l'alimentation des vaches allaitantes : "Elle est adaptée à nos types de sols, pas très riches en Limousin. On ne peut pas planter la charrue partout, on ne peut pas faire des cultures partout donc c'est vrai qu'historiquement, elle s'est bien adaptée aux prairies", explique Jean-Marc Alibert, éleveur dans la commune de Haute-Vienne.
Élevée de façon extensive, à l'air libre et nourrie à l'herbe, la Limousine représenterait un avantage écologique par rapport aux grands champs de céréales et aux élevages intensifs, et ce notamment par rapport aux prairies qu'elles occupent et qui permettent de recycler une partie du carbone émis par la digestion des bêtes.
Les prairies sont aussi des écosystèmes complexes, peu demandeurs en intervention humaine. Elles abritent une biodiversité qui cohabite avec le bétail.
La prairie est un couvert végétal permanent qui va recycler ce carbone par les racines et qui va nourrir en plus le sol. Au niveau des bouses, il y a tout un système d'insectes qui va permettre de les dégrader en humus utilisable par le sol pour contribuer à sa fertilité.
Philippe Babaudou, éleveur à La Geneytouse (87)
Certes le pâturage de ces bêtes en prairie présente des intérêts d'un point de vue environnemental, mais attention, les vaches qui se délectent de l'herbe limousine ne représentent qu'une petite partie du cheptel.
Les vaches qu'on voit dehors ne sont que souvent les vaches qui vont servir à faire naître les veaux qui vont être engraissés et que l'on va manger. Une grosse partie des vaches ou veaux consommés ne sont pas élevés jusqu'au bout en Limousin ou avec des produits produits en Limousin.
Jean-Jacques Rabache, président Limousin Nature Environnement
9% des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviendraient des élevages bovins
Pour l'élevage en prairie, tout est une question d'équilibre, sous peine de peser sur le milieu naturel : "Les prairies sont souvent surpâturées, les animaux restent sur ces prairies en hiver. Il y a beaucoup de produits fertiles de ce sol qui coulent dans les rivières et qu'on retrouve dans les petits ruisseaux", regrette Jean-Jacques Rabache.
Au fur et à mesure, des techniques sont ainsi mises en place par les éleveurs pour éviter la dégradation. Philippe Babaudou a par exemple aménagé un gué artificiel, peu coûteux et très efficace, afin que les animaux puissent changer de parcelle uniquement à un certain endroit. "On en profite également pour mettre un dispositif qui va les arrêter et leur permettre de boire depuis le ruisseau sans piétiner dedans", explique l'éleveur.
De quoi limiter l'empreinte écologique du bétail, mais pas de solution miracle à ce jour pour produire de la viande 100% écolo. Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), "les filières de l’élevage émettent 14,5% des gaz à effets de serre émis par les activités humaines", et 9% proviendraient des élevages bovins.