Le ministre de l'Agriculture a annoncé, dimanche 18 juillet 2021, la volonté de la France d'interdire le broyage des poussins mâles. En Haute-Vienne, une ferme accueille déjà des poules pondeuses sélectionnées grâce à la technique de sexage "in ovo" qui permet d’éviter cette pratique.
La France va interdire le broyage des poussins mâle d'ici à 2022. L'annonce a été faite par Julien Denormandie dans les colonnes du Parisien, dimanche 18 juillet 2021. Le gouvernement suit donc la décision de l'Allemagne qui, au mois de mai dernier, annonçait la fin de cette pratique dans le pays.
Ouverte début avril 2018 à Coussac-Bonneval, la ferme "Poulehouse" accueille des poules pondeuses (âgées de plus de 18 mois) qui étaient destinées à l’abattage, par manque de rendement. La vente de leurs œufs permet ainsi de financer leur retraite, en plein air, dans les prés limousins.
Depuis avril 2019, l'entreprise accueille également des poussins dont on a déterminé le sexe avant l'éclosion.
Des mâles sans valeur
Dans l'industrie des œufs, les poussins mâles sont éliminés à la naissance en étant broyés ou gazés, les producteurs privilégiant les poussins femelles qui deviendront des pondeuses. Une méthode barbare contestée par les défenseurs de la cause animale et par les associés de Poulehouse. La France étant le premier producteur d'oeufs en Europe, ce sont chaque année 50 millions de poussins mâles qui sont ainsi tués à leur naissance.
Poulehouse s’est associée à l’entreprise allemande Seleggt. Cette dernière commercialise en Allemagne depuis 2018 une technique de sexage in ovo, qui permet de déterminer le sexe du poussin directement dans l’œuf et ainsi d'éviter l'éclosion des poussins mâles. Il s'agit de percer un trou dans la membrane de la coquille, d'en extraire du liquide embryonnaire et de déterminer le sexe de l'oeuf en fonction des hormones analysées. L'hormone femelle est en effet présente dès le 4e jour. L'œuf mâle n'est pas couvé, l'œuf femelle poursuit sa croissance. La manipulation est sans danger pour l'oeuf.
Voici la vidéo de présentation du système développé par l'entreprise allemande Seleggt :
"On a commencé avec le couvoir en Hollande mais le but était de développer du volume et du marché et faire venir cette entreprise en France. Donc maintenant il y a des couveuses disponibles ici", précise Elodie Pellegrain, la co-fondatrice de Poulehouse.
Des oeufs plus chers
Avec cette interdiction française, c'est toute la filière qui va devoir se réorganiser. Le président du Comité national pour la promotion des œufs en France (CNPO), craint que la décision de la France de renoncer au broyage et au gazage des poussins mâles en 2022 se répercute sur le prix des oeufs qui sera "forcément plus cher". Dans un entretien donné à FranceInfo, Philippe Juven a déclaré que "ce sont des investissements très lourds pour que cette méthode puisse se mettre en place".
Pour Elodie Pellegrain, aucun doute que la filière va parvenir à se structurer mais craint malgré tout "que le sexage in ovo pâtisse de la concurrence et que certaines techniques ne soient pas aussi vertueuses les unes que les autres. Le risque serait d’aller vers des techniques moins chères."