Des inscriptions révisionnistes ont été écrites à la peinture blanche à l'entrée du Centre de la Mémoire d'Oradour-sur-Glane qui va saisir la justice aujourd'hui samedi 22 août. Une profanation qui suscite des réactions dans le monde politique notamment.
Sur l'entrée du Centre de la Mémoire, on peut distinctement voir que le mot "martyr" a été rayé à la peinture blanche. A côté ont été inscrits les propos révisionnistes : "Menteur, a quand la vérité ?" suivi de "Reynouard a raison".
Une plainte est déposée ce samedi 22 août matin par le Centre de la Mémoire d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne) apprend-on auprès du maire de la commune Philippe Lacroix qui souhaite "que les auteurs de ces actes soient retrouvés et sévèrement punis."
Robert Hébras, blessé par ces écrits
Le dernier survivant du massacre d'Oradour-sur-Glane, qui depuis des décennies témoigne inlassablement de ce qu'il a vécu a été très choqué par ces inscriptions :
"C'est quelque chose qui me choque beaucoup. Ces personnes qui font cela et nous traitent de menteurs ! J'ai vécu le drame. Je sais très bien qui était devant moi, les soldats de la division Das Reich ce 10 juin 1944 !" Robert Hébras, survivant du massacre d'Oradour-sur-Glane
"Les inscriptions négationnistes à Oradour-sur-Glane sont un crachat sur la mémoire de nos martyrs" a tweeté le ministre de l'intérieur Gérald Darmanin hier soir vendredi 21 août. Réaction également du 1er ministre Jean Castex : "J'ai appris avec colère et consternation la dégradation du centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane. Souiller ce lieu de recueillement, c'est aussi salir la mémoire de nos martyrs."Un crachat sur la mémoire !
J'ai appris avec colère et consternation la dégradation du centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane.
— Jean Castex (@JeanCASTEX) August 21, 2020
Souiller ce lieu de recueillement, c'est aussi salir la mémoire de nos martyrs.
Tout est mis en oeuvre pour que les auteurs de ces actes infâmes en répondent devant la Justice.
Emmanuel Macron a promis que "Tout sera fait" pour poursuivre les auteurs des graffitis. Le président de la République "condamne avec la plus grande fermeté cet acte inqualifiable. Il apporte tout son soutien au maire et à la commune. Il leur assure que tout sera fait pour que les auteurs de cet acte soient traduits en justice."
Dans un communiqué, le président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset s'est dit "atterré par l'inhumanité et la violence qui se sont exprimées hier à Oradour-sur-Glane, symbole de la barbarie nazie."
Le président du conseil départemental Jean-Claude Leblois a réagi en se déplaçant à Oradour ce samedi. Il a dénoncé ces "agissements ignobles" rappelant également "Nous avons le devoir de mémoire et de vérité".
Jean-Baptiste Djebbari, ministre de la Transition écologique chargé des Transports et ancien député de la circonscription s'est rendu sur place samedi en fin d'après-midi. Il dénonce un acte lâche et scandaleux et annonce que la réponse judiciaire sera à la hauteur :
Une profanation de l'Histoire
Les écrits négationnistes peints à l'entrée du Centre de la Mémoire font référence à Vincent Reynouard, figure de l'activisme d'extrême-droite, condamné en 2004 a 24 mois de prison dont 6 ferme par la cour d'appel de Limoges pour "apologie de crime de guerre", décision annulée par la cour de cassation en 2005.
L'ancien professeur de mathématiques, exclu de l'Education Nationale en 1997, avait réalisé une cassette vidéo "La Tragédie d'Oradour-sur-Glane, 50 ans de mensonges officiels" qui contestait les faits établis par les rescapés et lors du procès de Bordeaux en 1953.
Des écrits révisionnistes qui ajoutent à la douleur des familles des victimes du massacre d'Oradour-sur-Glane. Le 10 juin 1944, 642 hommes, femmes et enfants avaient péri de la main des hommes de la division Das Reich.