"J'aide les gens qui le souhaitent à s'installer en habitat réversible" : Jonathan Attias défend les habitats légers et écologiques

Après la cabane dans la forêt en Corrèze, et la yourte sur leur terrain à Marval (Haute-Vienne), c'est maintenant une "maison en pétales" que Jonathan Attias construit avec sa compagne Caroline Perez, et avec l'aide de plusieurs adeptes des habitats réversibles.

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La "maison en pétales" est un prototype unique en France. Jonathan Attias, Caroline Perez et leurs deux filles en sont les futurs occupants.

Cette nouvelle forme d'habitat léger, c’est-à-dire sans fondation (à l'instar des yourtes, caravanes, tiny houses, roulottes ...), a été imaginée comme une fleur par un autodidacte : Yves Desarzens. Pour un prix défiant toute concurrence : 40 000 euros. Et une durée de vie garantie d'un siècle, de quoi se projeter sur plusieurs générations.

Le "pistil" central, c'est la pièce de quarante mètres carrés qu'on a à l'intérieur. Il paraît arrondi, mais tous les bords sont plats : c'est un dodécadôme. Ensuite, cinq pétales viennent s'y agglomérer qui vont correspondre à chacune des chambres et à la salle de bain.

Caroline Perez

Co-fondatrice du mouvement Désobéissance fertile

Un chantier sans artisans professionnels, 100% participatif : ces bricoleurs amateurs ont déboursé 450 euros en échange d’une formation d’une semaine. Aurélie Goaer est venue spécialement de Montpellier : "J'ai le projet de m'installer en yourte, mais à terme, j'aimerais bien construire ce genre de maison, participer à d'autres chantiers, aider, continuer à transmettre et partager."

Marie-Christine et Alain, nouveaux dans la région, ont, eux aussi, choisi de vivre en habitat léger : "On trouve, par notre expérience, l'habitation classique en pierres, etc. trop lourde au niveau énergétique et financier. Avançant dans l'âge, on a aussi envie de s'alléger de ce côté-là."

Quant à Jonathan et Caroline, ils n'en sont pas à leur premier habitat léger (ou réversible). Ils avaient quitté Paris en 2018 pour la forêt de Chasteaux en Corrèze, et y avaient construit leur cabane.
Avec 2 enfants aujourd'hui, ils voulaient cependant un peu plus d'espace. La maison en pétales possède des pièces qui peuvent s'agglomérer ou se détacher. Une belle promesse pour les familles qui s'agrandissent.
"Nous, en tant que famille, on en avait marre de vivre dans un seul espace en habitat léger, donc on avait envie que l'habitat léger puisse être un imaginaire déployé par d'autres familles", explique Caroline Perez, activiste et mère de famille.

Une vie en collectif

Neuf personnes vivent en collectif sur cette ancienne prairie de dix hectares. Un lieu baptisé « Croissant fertile ». Cette association expérimente différents types d’habitats légers, comme une maison isolée en carton, ou encore une « figue » géante, faite de rebuts industriels en peuplier destinés à la fabrication de boîtes de fromages. La figue est née il y a huit ans de l'esprit d'un inventeur rêveur. La maison en pétales, c'est la même chose, explique Jonathan Attias.

On pense qu'on est à l'aube d'un nouveau temps où on va voir éclore, dans les prochaines années, tout un tas d'habitats légers qui vont permettre de vivre à la fois en bonne intelligence avec les écosystèmes, et en même temps, en utilisant tous les déchets qu'on a aujourd'hui pour en faire des ressources.

Jonathan Attias

Co-fondateur du mouvement Désobéissance fertile

Démarche revendicative

Pour la figue, comme pour les autres habitations, aucune demande de permis de construire n’a été déposée en mairie. Elles sont tolérées, mais parfaitement illégales. Une démarche revendicative, que Jonathan Attias qualifie de "désobéissance fertile" :

"Il y a des centaines de milliers de personnes qui veulent vivre de cette façon-là et il y a très peu de permis qui sont accordés. Donc plutôt que d'attendre qu'il y ait une éventuelle évolution des lois, comme on l'espère inlassablement, sans jamais que ça ne se présente, on prend ce droit-là, en disant à la société politique : à vous d'évoluer de façon à faire évoluer la loi pour prendre en compte ces nouvelles formes d'habitat."

La loi Alur de 2014 a instauré un début de cadre juridique, mais ce mode de vie se heurte encore très souvent à la législation en vigueur (fiscalité, intervention des secours, traitement des eaux usées, etc.). Dans certaines communes, des chartes commencent à être élaborées pour que tout le monde puisse cohabiter en harmonie. Jonathan Attias et Caroline Perez espèrent en proposer une prochainement à la municipalité de Marval.

Une réponse aux enjeux écologiques et sociaux

Les habitats réversibles, s'ils sont donc parfois considérés comme illégaux, sont reconnus comme écologiques et peu chers. Sans fondations, ils répondent à l'objectif "zéro artificialisation des sols". 

Pour les défenseurs de ce mode d'habitat, celui-ci pourrait être plus particulièrement une réponse aux difficultés d'installation dans le monde agricole. Les paysans auraient un accès facilité aux terres, surtout dans les zones à forte pression foncière. Pour s'installer à moindre coût et éviter l'endettement.
C'est pour défendre cela que Jonathan Attias, comme d'autres, veut peser dans la nouvelle loi agricole notamment.
Pour aller plus loin sur ce sujet : le site de la fédération de l'habitat réversible (avec un document pour les parlementaires)


► Témoignage de Jonathan Attias dans "Vous êtes formidables" sur France 3 Nouvelle-Aquitaine

Avoir également, le reportage sur le chantier participatif de la maison en pétales, à Marval (87)

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