Elle est toute petite, mais elle a un grand pouvoir. La thyroïde peut-être à l'origine de nombreux dysfonctionnements de notre corps. En raison de facteurs environnementaux, le nombre de patients concernés augmente.
"C’était une consultation de routine". Myriam Hériter a rencontré sa thyroïde il y a 10 ans pendant une visite à la médecine du travail. Lors d'une palpation de son cou, une boule suspecte est découverte. Le médecin commence alors une série d'examens pour visualiser le nodule et surtout vérifier qu'il n'est pas cancéreux.
"J’ai passé tout de suite une échographie, on m’a ensuite demandé des examens supplémentaires, dont une cytoponction", raconte Myriam Hériter.
Un médecin en radiologie vous prélève quelques cellules de ce nodule donc il faut obligatoirement entrer l’aiguille dans le nodule. J’avais une petite appréhension et finalement, ça s’est bien passé.
Une petite glande qui influe sur tout le corps
Le risque de cancer est écarté, mais c'est le début d'un long suivi. La thyroïde est une petite glande de 20 g qui influe sur tout l'organisme. On peut avoir une anomalie de la forme avec l'apparition d'un goitre ou d'un nodule, ou une anomalie de fonction si la thyroïde agit trop ou pas assez.
"Quand la thyroïde n’agit pas assez, vous allez être fatigué, frileux, vous allez avoir un manque d’entrain, des symptômes musculaires. À l’inverse, quand elle s’emballe, on est un peu irritable on a des troubles du sommeil…", précise le professeur Marie-Pierre Teissier, chef du service endocrinologie au CHU de Limoges.
Le nodule de Myriam Hériter grossit, et risque de perturber le fonctionnement de sa thyroïde. Une scintigraphie montre clairement le problème.
Deux options sont proposées : la chirurgie pour retirer partiellement ou totalement la thyroïde, ou bien la prise d'iode radioactif.
On utilise cette matière première pour la thyroïde. On la rend toxique avec de la radioactivité qui va se localiser exclusivement au niveau du tissu thyroïdien et lentement, mais sûrement, elle entraîne une destruction du tissu thyroïdien.
Myriam Hériter prendra ce iode radioactif, et cette ancienne aide-soignante n'a pas vraiment d'appréhension : "Ça fait science-fiction, mais on m’a bien expliqué le processus. La seule contrainte, c’est de rester à l’isolement pendant 5 jours". Elle devra peut-être aussi prendre un traitement à base d'hormones pour aider à réguler sa thyroïde.
15 % de la population française touchée
Comme Myriam Hériter, les patients sont de plus en plus nombreux, sans doute à cause de facteurs environnementaux. En France, plus de 15 % de la population est touchée par des maladies de la thyroïde. Les nodules thyroïdiens sont présents chez plus de 50 % des femmes de plus de 50 ans et sont 2 à 3 fois plus fréquents chez les femmes que chez les hommes.
Chaque année, ce sont environ 4 000 cancers de la thyroïde qui sont découverts en France. Un nombre en constante augmentation, d’environ 6 % par an.
Un reportage de CLAPEAU François et DJAILANI Nassuf