Depuis la mobilisation du monde agricole, les consommateurs prennent conscience de l'importance de consommer local en privilégiant les circuits courts. Toutefois, agriculteurs et producteurs craignent que cet éveil ne soit que de courte durée.
Sur le marché d'Isle, en Haute-Vienne, les files se forment aux étals des producteurs de fruits et légumes. Ce sont majoritairement des clients habitués qui s'y rendent deux fois par semaine.
"Je viens chez Stéphane, car il cultive la plupart de ses légumes. Si ce sont des produits qui viennent d'Espagne ou d'ailleurs, je ne prends pas. Je privilégie les produits locaux", précise Marie-Noëlle qui fréquente régulièrement le marché.
"C'est ce que j'ai toujours mangé depuis que je suis née et je ne peux pas acheter ça au supermarché, ce n'est pas possible, les prix…Et là, on a tout. Je viens là depuis vingt ans, au moins", détaille Fernande, une autre habituée.
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"Ça demande plus d'effort"
Murielle Coudert est maraîchère et son exploitation, installé à Vigen, existe depuis trente ans. Cette dernière reste perplexe quant aux effets de la mobilisation des agriculteurs sur les habitudes des consommateurs.
"Acheter à un producteur, c'est un acte citoyen aujourd'hui. Ça demande plus d'efforts que d'aller au supermarché. Et puis, l'argent n'est pas extensible, chacun a ses priorités. Il y a peut-être des gens qui décident de mettre moins d'argent dans la nourriture comme ça pouvait être le cas pour nos parents, grands-parents", remarque-t-elle.
Si on ne soutient pas l'agriculture française, on va manger quoi demain ? C'est sûr, c'est plus difficile d'aller au marché, de faire à manger, d'éplucher les légumes que de prendre un truc tout prêt."
Acheter à un producteur, c'est un acte citoyen aujourd'hui.
Murielle Coudertmaraîchère à Le potager Coudert
Que ce soit une conséquence directe ou le fruit du pur hasard, certains magasins de revente de produits locaux observent un rebond de fréquentation. C'est le cas de La petite ferme à Vigen qui a enregistré une augmentation d'affluence de 10 % ces dernières semaines.
"On se retrouve un peu dans la même situation post covid, c'est quelque chose qu'on estime d'un peu éphémère, car après une crise forcément, on va vers des produits circuits courts. Mais, je ne pense pas que ce soit assez important pour que ça dure dans le temps", analyse Emilie Rebeyrat, responsable de l'épicerie.
C'est très bien de voir des nouvelles têtes, des clients intéressés, mais l'important pour nous, c'est qu'ils reviennent.
Emilie Rebeyratresponsable de La petite ferme
Le circuit court permet de réduire le nombre d'intermédiaires entre producteurs et consommateurs, il rimerait aussi avec un revenu paysan amélioré, au premier rang des revendications du monde agricole.