"Avec presque onze mois de flotte, on a eu à peine un mois bon et ça va repartir" : maraîchers et viticulteurs face au dérèglement climatique

Après deux jours de pluies intenses en Haute-Vienne, Creuse et Corrèze, maraîchers et viticulteurs font le bilan. Le retour de la pluie pourrait être bénéfique pour les cultures après un été ensoleillé, à condition que ça ne dure pas.

2024 est la pire année pour le vignoble de Branceilles, qui fait suite à une autre mauvaise saison. Et pour ce début de mois de septembre, de fortes pluies se sont abattues sur le Limousin, placé en vigilance orange pluie inondation par Météo France, le 7 et le 8 septembre.

Les cumuls de pluies ont été particulièrement importants sur de vastes secteurs. On relève notamment 84 millimètres à Brive-Souillac (Corrèze) et 79 millimètres à Limoges-Bellegarde (Haute-Vienne).

"Là, on est à plus de 50% de pertes"

Les sept viticulteurs de la coopérative 1001 Pierres ont vécu, cette année, le gel de printemps, puis en juillet, le mildiou, dû à la trop forte humidité. Dans son vignoble, Philippe Leymat, président cave des 1001 Pierres à Branceilles, constate les dégâts des derniers mois pluvieux : "Là, on est à plus de 50% de pertes dues au mildiou. "

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Le retour de la pluie, une bonne nouvelle ? 

Toutefois, les fortes pluies qui viennent de tomber, ne sont pas un problème.  Après un mois d’août un peu trop sec pour les grappes qui restent, elles représentent même une aubaine. Sur certaines variétés, les vendanges vont commencer mardi 10 septembre : "La vigne commençait un peu à être en stress hydrique avec tout l'été qu'elle a passé. Et là, ces pluies-là vont la mettre dans un état végétatif hyper confortable. Donc, pour l'instant, la pluie est salvatrice", explique le viticulteur.  

Elle va permettre d'accompagner le mûrissement pour avoir une qualité optimum. Mais à l'inverse, s'il continue à beaucoup pleuvoir dans ce stade-là. Là, par contre, ça peut faire apparaitre la pourriture.

Philippe Leymat

président cave des 1001 Pierres à Branceilles

"On ne peut pas vivre pire"

Pour les maraîchers, la saison a été difficile : trop d’eau, une production en forte baisse. Ces deux jours de grosses pluies ont encore exaspéré Odette Maria Da Silva Fernandez, maraîchère à Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne) qui essaie de trouver des solutions :  "Ce n'est pas possible de tenir comme ça. Pour moi, cette année est très difficile. Avec presque onze mois de flotte, on a eu à peine un mois bon et ça va repartir. On a encore des terres qui n'ont pas séché. Ça fait deux fois que j'investis dans des serres, j'en ai onze de trente-deux mètres de long et c'est ça qui nous avait sauvé", raconte-t-elle.

Des maraîchers se sont installés, il y a seulement deux ans, dans la commune de Vicq-sur-Breuilh. Ils prennent les aléas météo avec philosophie : 

En termes d’objectif, on n'est pas à ce qu'on aurait attendu. Mais, on s'en sort quand même. On se dit qu'en étant passé par là, on ne peut pas vivre pire. C'est une question d'adaptation avec le temps qu'on nous donne. Donc, tout va bien.

Anthony Demptos

Maraîcher à Vicq-sur-Breuilh

Dans les vignobles comme dans les champs de légumes, la pluie semble accueillie avec satisfaction, mais il ne faut surtout pas qu’elle dure trop longtemps, ni qu’elle soit trop violente.