Les premières rencontres régionales autour du réseau Natura 2000 avaient lieu ce mardi à Bordeaux. Depuis le premier janvier dernier, ces espaces, auparavant pilotés par l’État, sont cogérés par les régions. Quelles sont les conséquences sur le terrain où les animateurs s’activent depuis trente ans pour protéger la biodiversité ?

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Depuis le 1ᵉʳ janvier 2023, la compétence Natura 2000 est partagée entre l’État et les Régions. C’est une conséquence de la loi "3DS" (Différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification), qui doit simplifier l'action publique locale.

Ce mard à Bordeaux, des rencontres ont été organisées pour, selon le Conseil régional, "fédérer un réseau d’élus locaux", "favoriser l'appropriation territoriale de cette politique européenne", et "échanger sur les bonnes pratiques, mais aussi sur les difficultés rencontrées".

L’enjeu est important : dans un contexte d’effondrement de la biodiversité, des acteurs s’activent au quotidien sur tout le territoire pour protéger ce qui peut encore l’être.

Qu’est-ce que Natura 2000 ?

Le réseau Natura 2000 a fêté ses trente ans en 2022. C’est un outil européen pour préserver la biodiversité et la prendre en compte dans les activités humaines. Des sites précis sont désignés, et on y protège des habitats et des espèces représentatives de la biodiversité européenne.

En Europe, le réseau représente 27 522 sites et couvre 18 % des terres. Selon le conservatoire des espaces naturels du Limousin, l’ancienne région compte trente-six sites Natura 2000, couvrant près de 6 % de la surface régionale.

Ces sites ne sont pas des sanctuaires. Selon le centre de ressource Natura 2000, "les activités humaines et les projets d’infrastructure sont possibles en site Natura 2000. Pour éviter les activités préjudiciables à la biodiversité, les projets susceptibles d’avoir des incidences sur les espèces et habitats protégés doivent être soumis à évaluation préalable."

Qu’est-ce qui change ?

Sophie Weber est conseillère régionale déléguée à Natura 2000. Elle participait aux rencontres organisées ce mardi 3 octobre matin à Bordeaux dans un dossier encore frais pour sa collectivité : "L’objectif de la région, c’est de veiller à ce qu’il n’y ait pas de rupture d’animation dans le suivi d’un site."

En effet, la désignation des sites Natura 2000 et l’instruction des évaluations des incidences Natura 2000 ne font pas partie du passage de relais de l’État aux régions. En revanche, la région est désormais l’autorité administrative pour la gestion des sites existants. Elle doit notamment constituer leurs comités de pilotages, et approuver leurs documents d’objectifs.

Le budget de la région consacré à Natura 2000 pour 2023 s’élève à 3,3 millions d’euros. Il s’agit de crédits d’État issus du transfert de cette nouvelle compétence.

Selon Sophie Weber, la charge de travail est importante : "C’est un gros boulot pour la région puisque nous avons monté un service avec quatorze personnes recrutées. C’est un nouveau sujet, tout le monde a dû se former."

Des réglages restent à faire, et dix mois après la réforme, le site internet du ministère de la Transition écologique n’est pas encore mis à jour...

Un rôle important

Sur le terrain, les animateurs de sites interrogés ne ressentent pas de révolution dans leur travail. 

Antoine Roche est animateur Natura 2000 pour le GMHL (Groupe Mammalogique et Herpétologique Limousin). Il gère la mine de Chabannes et les souterrains des monts d’Ambazac, où nichent des chauves-souris protégées : "La mission principale, c’est de décliner un plan de gestion pour les zones protégées. C’est un document d’objectif rédigé en concertation avec tous les acteurs locaux. Dans la politique Natura 2000, il y a beaucoup de concertation, de travail en commun."

Natura 2000 permet de mettre en place des aménagements concrets et favorables à la biodiversité : "Sur la mine de Chabannes, il faut préserver des sites d’hibernation, et faire poser des grilles à chauves sous pour éviter des dérangements. Avec Natura 2000, cet aménagement est remboursé par l’État et la région."

Antoine Roche évoque aussi des actions de débroussaillage, d'éco-pâturage, des travaux forestiers et des mesures financières pour les agriculteurs : "On peut les proposer dans les zones Natura 2000 pour encourager les agriculteurs qui mettent en place des mesures vertueuses comme l’entretien des haies plutôt que l’arrachage."

Une protection ?

Natura 2000 est un outil de protection, mais il est moins puissant qu'un espace naturel ou un cœur de parc national. Ces sites sont sanctuarisés, mais rares en France. Par exemple, la présence d’un site Natura 2000 n’a pas suffi à empêcher les travaux de l’autoroute A69 entre Toulouse et Castres, considéré par des élus locaux comme une "nécessité".

Selon le GIEC, l’intérêt supérieur reste la préservation du vivant, car les scientifiques parlent d’un processus en cours vers une sixième extinction de masse des espèces, la dernière en date étant celle des dinosaures.

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