Entraînements, compétitions, diététique, récupération : le quotidien des athlètes soumet leurs organismes à rude épreuve. Pour faire face, et améliorer les performances, la préparation mentale joue un rôle de plus en plus important.
Un ballon de basket dans une main, une raquette de badminton dans l'autre, Nicolas Lang dribble, shoote, et smashe le volant, entouré de leds qui clignotent et l'alertent.
"Si le vert apparaît à ta droite, tu me fais la passe, tu sors vers la droite, on enchaîne shoot, puis tu reviens te placer et on enchaîne à nouveau".
Deux fois par mois, le capitaine du Limoges CSP, effectue une séance avec son préparateur mental, spécialiste en psychologie du sport. Mémorisation, traitement de l’information, résolution des problèmes et orientation dans l’espace, des exercices pour développer ses fonctions cognitives, et améliorer sa gestion des matchs. "Sans tomber dans le cliché où on voit tout avant tout le monde, il y a du bruit, il y a de la lumière, faut regarder à droite à gauche, prendre les informations, et au final réussir à mettre le dernier geste. Moi, c'est clairement quelque chose que j'arrive très bien à retranscrire au niveau du match. Et quand je m'entraîne là, je ne vois pas simplement des lumières, un panier et une salle qui n'est pas une salle de basket, j'arrive à imaginer des défenseurs, des choses comme ça", décrit le joueur.
Un travail de stimulation cérébrale, qui favorise la performance : "Forcément quand on met des outils dans la boîte à outils de l'athlète, on augmente son sentiment de réassurance, on lui apporte du contrôle, et on est en capacité d'agir sur le niveau de stress, d'anxiété, et donc forcément sur le niveau de bien-être", affirme Julien Southon, consultant en psychologie chez le sportif.
La première étape, c'est le bien-être, c'est la santé mentale
Eric CharlesPsychiatre spécialiste du sport de haut niveau
Depuis 2006, le Code de la santé publique prévoit un suivi psychologique obligatoire chez les jeunes sportifs issus des centres de formation. Pour Eric Charles, psychiatre spécialiste du sport de haut niveau, la construction psychologique d'un athlète doit reposer sur des bases solides : "Le premier objectif, c'est l'équilibre mental, être bien mentalement. À partir du moment où j'ai en face de moi quelqu'un qui mentalement est bien, on peut faire un travail spécifique sur la performance. Mais la première étape, c'est le bien-être, c'est la santé mentale".
Des fois c'est juste le fait de parler qui fait du bien
Ronan Hasslerjoueur du centre de formation du Limoges Handball
"Avec tout ce qui est cumulé, les entraînements, l'école, ce qu'il y a en plus à la maison, ça fait beaucoup de choses à gérer en même temps. Des fois, j'ai besoin d'un accompagnement pour qu'il me donne des pistes, ou des fois, c'est juste le fait de parler qui fait du bien, se livrer. Ça m'a beaucoup aidé", témoigne Ronan Hassler, joueur du centre de formation du Limoges Handball.
Blessure, fatigue, mauvais résultats, les creux de vagues ne manquent pas pour déstabiliser le sportif de haut niveau, et c'est dans ces moments-là qu'un mental solide fait la différence : "Ce serait mentir de dire qu'on n'a jamais eu des bas, des moments de trou, confirme Alexandre Birkner, lui aussi stagiaire du Limoges Handball, maintenant ce qui est important, c'est de savoir comment on réagit, ce qu'on met en place et comment on sort de cette situation un peu inconfortable".
Le reportage de Frédéric Cano et Carole Maillard
En fonction des besoins, plusieurs fois dans la saison, les stagiaires du Limoges Handball peuvent échanger avec un psychiatre.
Esprit serein et fonctions cognitives affûtées, la préparation mentale sous toutes ses formes vient compléter et soutenir la préparation physique des athlètes, et conforte leurs performances.