Cinq des six députés du Limousin ont donné leur voix en faveur de la motion de censure déposée par le Nouveau Front populaire, entraînant la chute du gouvernement Barnier ce mercredi 4 décembre au soir. Comment envisagent-ils l'avenir politique du pays désormais ? Ils répondent.
Sa dernière visite "en province" était en Limousin. Cinq jours plus tard, ce mercredi 4 décembre, Michel Barnier est tombé avec son gouvernement. La motion de censure déposée par le Nouveau Front populaire a été adoptée grâce au vote de 331 députés. Cinq d'entre eux sont élus en Corrèze, Creuse ou Haute-Vienne.
Et après Barnier ?
Sur la 1ʳᵉ circonscription de la Corrèze, François Hollande (Parti socialiste - Nouveau Front populaire) a donné une voix en faveur. C'est le cas aussi des deux députés La France Insoumise - NFP de Haute-Vienne, Damien Maudet et Manon Meunier.
Présente à la grève nationale du 5 décembre dans les rues de Limoges, cette dernière a réagi : "On n'acceptera plus de budget austéritaire. On appelle à ce qu'Emmanuel Macron mette en place un gouvernement du Nouveau Front populaire. S'il refuse ce que la démocratie a choisi (référence aux résultats des élections législatives, ndlr), il doit démissionner."
Barnier censuré ! Et après ? Quelles sont les conséquences ? ⬇️ (1/9) pic.twitter.com/Nx6UWteSpy
— Damien Maudet (@damienmaudt) December 5, 2024
Sur son compte X (ex Twitter), Damien Maudet a appelé ce jeudi à la nomination de Lucie Castets comme Première ministre, "choix du Nouveau Front Populaire pour gouverner, en appliquant notre programme pour changer la vie des gens".
Une "proposition La France Insoumise" fait bondir Frédérique Meunier (Les Républicains), députée de la Corrèze sur la circonscription de Brive-la-Gaillarde. Elle est la seule en Limousin à ne pas avoir voté la censure. "La suite ne va pas être facile. Nous n'allons pas censurer pour censurer. Nous verrons qui prendra la place de Monsieur Barnier, mais il est clair que nous ne soutiendrons pas un gouvernement où il y aura LFI, ce sera la censure systématique", tranche-t-elle, évoquant une "grande déception" et "grande colère face à cette alliance des extrêmes".
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Membre de l'Union des droites pour la République (UDR) présidé par Éric Ciotti, Bartolomé Lenoir a suivi son groupe dans la censure du gouvernement Barnier. Tout comme les 123 députés du Rassemblement national et la quasi-totalité de ceux des rangs de la gauche. Le député creusois réfute l'alliance.
"Nous avons rejeté un texte qui était profondément dangereux pour la France et la Creuse. Les Républicains, d'où je viens, et le bloc central se sont, eux, alliés dans les urnes avec La France Insoumise pour empêcher le Rassemblement National et l'UDR d'accéder au pouvoir. Alors qu'avec eux, nous pourrions avoir un bloc majoritaire à l'Assemblée nationale et avancer", estime-t-il.
Pour Bartolomé Lenoir, "un bon premier ministre" devra écouter "les 11 millions d'électeurs qui ont donné leur voix à Marine Le Pen et à l'UDR" aux législatives de juillet 2024. Pour rappel, le Nouveau Front Populaire avait obtenu 182 sièges, Ensemble 168 sièges et le Rassemblement national (dont LR-RN) 143 sièges.
Allocution du président ce jeudi soir
Au lendemain de la chute de son gouvernement, Emmanuel Macron s'adressera aux Français ce jeudi soir à 20 heures. Il ne devrait pas nommer de nouveau Premier ministre tout de suite. Pour Stéphane Delautrette, député socialiste de la Haute-Vienne, la "personne idéale" est celle "capable de rassembler les forces républicaines de cette assemblée".
Sans s'avancer sur un nom, l'élu limousin souhaite une personnalité de gauche, "pour rassembler et parce que c'est le reflet du résultat des élections législatives, ce qui n'a pas été le cas avec la nomination de Michel Barnier", juge Stéphane Delautrette. Pour le député, les majorités devraient être rassemblées "texte par texte".
Le budget 2024 probablement reconduit
En attendant, le gouvernement démissionnaire reste"chargé des affaires courantes". Pour ce qui est du budget 2025, le scénario le plus probable est que celui de 2024 soit reconduit. Un sursis pour les collectivités locales notamment, qui n'auront pas à subir les coupes prévues par la loi de finances. Mais une moins bonne nouvelle pour la dette française, qui devrait davantage se creuser.