Alors que la circulation de la Covid poursuit son ralentissement en France et dans la région, la variole du singe fait son apparition dans l’actualité. Si le sujet préoccupe, l’heure n’est pas à la panique.
Après plus de deux ans de crise sanitaire, le sujet des épidémies est très sensible. Mais si le Covid est toujours présent, c’est maintenant la variole du singe qui inquiète. Voici 4 questions pour mieux comprendre la situation.
Le Covid est-il toujours présent dans la région ?
Une chose est sûre : on ne peut pas encore parler du Covid au passé.
Selon le dernier bilan de Santé Publique France en Nouvelle-Aquitaine, le ralentissement de la circulation du SARS-CoV-2 se poursuit dans la région. Le taux d’incidence oscille autour de 200 nouveaux cas pour 100 000 habitats sur une semaine. C’est beaucoup plus que le seuil d’alerte de 50, mais on a atteint de tels sommets lors de la cinquième vague que les paramètres ont évolué.
Il y a plusieurs explications : le beau temps qui nous fait prendre l’air, et l’immunité collective avec les vaccinés, ceux qui ont attrapé le virus, et ceux qui ont fait coup double, les vaccinés qui ont aussi attrapé le virus.
On compte tout de même encore aujourd’hui 1131 personnes hospitalisées pour Covid en Nouvelle-Aquitaine, 72 personnes en Limousin. Le professeur Jean-François Faucher, le chef des maladies infectieuses au CHU de Limoges, explique qu’il a encore des patients fragiles dans son service.
On déplore 121 morts depuis le début du mois de mai en Nouvelle-Aquitaine, 17 en Limousin.
Comment va se passer l’été ?
On ne peut pas prédire l’avenir, et on a déjà eu des surprises… Cette tendance à la baisse devrait tout de même se poursuivre dans les prochaines semaines, mais les autorités sanitaires restent mobilisées.
Il y a des sujets d’inquiétude en Chine et la Corée : si le nombre de cas explose, il pourrait y avoir des répercutions en Europe. Actuellement, c’est au Portugal que les contaminations repartent à la hausse, avec un nouveau variant, le "BA5".
Le professeur Jean-François Faucher évoque un renforcement des mesures de précaution à l’automne. Il explique que la Covid est une infection essentiellement respiratoire et que sa transmission est clairement favorisée par le fait de vivre calfeutré.
En attendant, les plus fragiles et les personnes de plus de 80 ans qui n'ont pas reçu de dose de vaccin depuis plus de 3 mois peuvent consulter leur médecin pour faire le point sur leur protection.
Qu’est-ce que la variole du singe ?
Plusieurs pays européens ont recensé des cas de "Monkeypox", la variole du singe, qui concerne habituellement des pays africains.
Il y avait ce week-end 80 cas hors Afrique, il faut s’attendre à en voir apparaître de plus en plus, et là encore les services de veille sanitaire surveillent de près la situation.
Les symptômes sont nombreux : d’abord de la fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires, une fatigue générale. On est déjà contagieux. Ensuite, après quelques jours, une éruption cutanée sur le visage qui peut s’étendre sur les autres parties du corps. Généralement, la maladie dure de deux à quatre semaines, puis se guérit d’elle-même. C’est un médecin qui doit faire le diagnostic après analyses.
La variole du singe est habituellement transmise à l’homme par des rongeurs ou des primates. C’est une zoonose. Mais une transmission entre humains est aussi possible, par contact direct avec les lésions cutanées ou les muqueuses d’une personne malade.
Il y a actuellement un cas connu en France, confiné à son domicile. Si besoin, il existe un vaccin, le vaccin contre la variole.
Doit-on s’en inquiéter ?
La variole du singe peut parfois entraîner des formes graves, mais selon l’OMS, “la plupart des cas répertoriés en Europe sont légers pour le moment”.
Ce qui préoccupe, toujours selon l’OMS, c’est que les premières données font penser à une transmission entre humains "plus importante que ce que l’on observait auparavant". Il y a actuellement en Europe des cas chez des personnes qui n’ont pas voyagé en Afrique.
Ce n’est pas une première. Le professeur Faucher se rappelle qu’en 2003, aux Etats-Unis, des rongeurs domestiques d’importation avaient causé quelques cas, mais aucun décès.
Selon l’épidémiologiste de l’Université de Limoges Pierre-Marie Preux, "pour l’instant (la variole du singe) n’a pas du tout les caractéristiques de contagiosité du Covid." Il faut aussi savoir que la situation n’est pas exceptionnelle. Pierre-Marie Preux précise : "C’est un risque émergent possible que l’on connaissait."
En 2012, l’OMS a par exemple suivi l’apparition du "Mers", le "syndrome respiratoire du Moyen-Orient". Les services de veille sanitaire surveillent aussi l’ "encéphalite à tiques" dans les pays de l’Est. On piste la dengue, le chikungunya, et évidemment la grippe aviaire : il ne faudrait pas qu’une mutation chez les oiseaux devienne dangereuse pour l’homme.
La variole du singe représente donc un sujet très sérieux, mais c’est aussi un type de risque avec lequel nous vivions déjà avant l’épidémie de Covid, et qui va forcément perdurer.