Dans le quartier de La Bastide, au nord de Limoges, un groupe de jeunes filles d'origine mahoraise a créé une association pour faire vivre la tradition des chants et des danses de Mayotte. C'est le nouvel épisode de notre série consacrée aux quartiers prioritaires du Limousin.
Ce jour-là, elles se sont donné rendez-vous sur la grande esplanade de La Bastide, au nord de Limoges. C’est là, entre les arrêts de bus, la pharmacie et le boulevard qu’elles présentent leur association.
"Notre association s’appelle Wazuri-Sanaa. Ça veut dire « les belles dames », les « jolies femmes » en mahorais", explique Rachma Siaka, secrétaire de l'association.
On fait du chant et de la danse issus de la culture mahoraise.
Rachma SiakaSecrétaire de l’association
Au total, elles sont seize filles, âgées de 14 à 24 ans. Certaines d'entre elles travaillent, d’autres sont mères de famille, mais la plupart sont étudiantes ou encore scolarisées. Elles viennent de La Bastide, du Val de L’Aurence et même de Guéret. Depuis un an, elles se retrouvent au moins une fois par semaine dans le quartier pour répéter, le plus souvent en plein air. "On fait du chant et de la danse issus de la culture mahoraise principalement. Et on est appelées souvent pour animer des mariages", explique Rachma Siaka.
Pour interpréter ces chants, les instruments utilisés par le groupe sont très simples : la voix, les mains, parfois une enceinte ou un tambour, et deux morceaux de bois que les jeunes filles frappent l’un contre l’autre.
Les «m’biwi» sont faits à base de bois séché, de bambou, et c’est taillé pour obtenir un certain type de sons.
Moitsoumou MariPrésidente de Wazuri-Sanaa
"Ça vient tout droit de Mayotte, c’est un ami qui nous les a envoyés, explique Moitsoumou Mari, présidente de Wazuri-Sanaa. Ça s’appelle des «m’biwi». C’est fait à base de bois séché, du bambou, et c’est taillé pour obtenir un certain type de sons".
Lorsque le groupe se met à chanter, l'ensemble est mélodieux, doux et en même temps très puissant, au point de couvrir le brouhaha du quartier.
Une association pour perpétuer la tradition
L’association Wazuri Sanaa existe depuis le 1ᵉʳ mars 2023. À l’origine, il y a un groupe de copines : quatre jeunes filles du quartier de La Bastide qui, depuis leur plus jeune âge, se côtoient régulièrement pour danser ou chanter lors de fêtes familiales au sein de la communauté mahoraise. Un jour, après un mariage, les quatre filles ont une idée : créer leur propre association. "On a invité nos copines, puis le bouche-à-oreille a fonctionné et de nouvelles personnes se sont inscrites", raconte Moihedja Mari, l'une des adhérentes.
Pour ces jeunes filles, l’association est aussi un moyen de perpétuer la culture mahoraise.
C’est un loisir qui nous permet de nous rapprocher de notre culture traditionnelle.
Maëva AMDAdhérente de l’association Wazuri-Sanaa
"Nos mamans sont nées à Mayotte, elles ont vécu dans ces danses et ces chants. Donc, elles nous ont fait grandir avec, explique Maëva AMD, l'une des adhérentes de l'association. Pour nous, c’est comme un loisir et ça nous permet aussi de nous rapprocher de notre culture traditionnelle".
Des cours de danse ouverts à tous
Aujourd’hui, la petite association se produit un peu partout en Limousin et dans les départements limitrophes, principalement pour des mariages mahorais. Elle est aussi très présente sur les réseaux sociaux. Depuis peu, elle bénéficie d’un local dans le quartier de La Bastide où elle espère pouvoir continuer à se développer :
On réfléchit aussi à intégrer des garçons pour danser.
Sihi NaouirouTrésorière de l'association
"On a prévu de faire des cours de danse les mercredis et vendredis après-midi, poursuit Sihi Naouirou, trésorière de l'association. Et, on réfléchit aussi à intégrer des garçons pour danser."
Voici le reportage tourné le 2 novembre 2024 dans le quartier de La Bastide, à Limoges :
Ouverte à tous, l’association Wazuri-Sanaa a pour objectif le plaisir de danser, chanter et s’amuser ensemble.