Depuis 1983, il n’y a plus de carte scolaire pour les écoles primaires de Limoges. Une situation qui a peu à peu créé des ghettos sociaux dans certains établissements. Cette situation transpire par la suite dans le second degré.
A Limoges, les parents d’élèves peuvent envoyer leurs enfants dans les écoles qu’ils souhaitent. Si bien que les jeunes issus de catégories socio-professionnelles favorisées ont tendance à se retrouver tous ensemble dans les mêmes établissements. Dans les quartiers difficiles, les enfants dont les parents ont eu des parcours plus compliqués dans la vie se retrouvent alors seuls.
Cette situation se reproduit ensuite dans les collèges ou lycées où il existe une carte scolaire. Car des dérogations sont demandées et souvent obtenues par les parents d’élèves pour que leurs enfants continuent à étudier dans le même secteur.
Le collège Ronsard
Le collège qui se situe tout près du quartier de la Bastide compte ainsi des élèves dont 80% sont issus de catégories socio-professionnelles défavorisées. 75% sont boursiers et 25% ont un an ou plus de retard.Dans ce contexte, les professeurs ont du mal à faire correctement leur travail. Il y a peu d’émulation et beaucoup de jeunes ont des difficultés linguistiques.
Si l’équipe pédagogique fait souvent des miracles en inventant de nouvelles manières d’enseigner, les résultats scolaires ne sont pas forcément au rendez-vous. Mais ce n’est pas l’essentiel pour Christophe Guy, le principal du collège Ronsard :
Les résultats du brevet ne sont pas toujours à la hauteur de ce qu’on attendrait, mais l’école, c’est aussi l’apprentissage de compétences sociales. A ce niveau, un gros travail est fait.
Blocage politique
Du côté de la mairie, on n’envisage pas de recréer une carte scolaire dans le premier degré à Limoges. Pour Nicolas Fontarensky, directeur de la jeunesse de la ville :
Par la sectorisation, on fige les familles dans un quartier donné. Il y a alors une concentration dans la même école. On pourrait parler de ségrégation scolaire.
Le sociologue Chroukri Ben Ayed, professeur à l’université de Limoges, est spécialiste de la question et rejette totalement cet argument :
Pour Choukri Ben Ayed, il existe souvent des blocages politiques locaux pour améliorer de la mixité sociale. Et pourtant des solutions existent.
La sectorisation a fait l’objet d’enquêtes internationales. Elles démontrent toutes qu’il y a un lien très fort entre mixité sociale et sectorisation. Inversement, moins il y a de sectorisation, et plus il y a de ségrégation.
Le reportage de Franck Petit et Matthieu Dégremont
Chroukri Ben Ayed donnera une conférence sur le thème de la mixité sociale le 20 juin 2019 de 18h à 20h, espace Detaille, rue Detaille, quartier La Bastide à Limoges