Depuis plusieurs années, le département de la Haute-Vienne utilise les espaces sportifs de Limoges, notamment pour les collégiens. Mais hier, le conseil municipal de Limoges a annoncé qu'il souhaite mettre fin à cette convention, car le département ne remplierait pas ses obligations légales.
« Trop bon, trop con ». Dans son préambule à la dernière séance du conseil municipal de Limoges qui se tenait lundi 15 novembre 2021, le maire de Limoges, Emile-Roger Lombertie, n’y va pas par quatre chemins.
Il revient sur le fait que, depuis des années, la ville assume seule les coûts de fonctionnement des installations sportives, alors qu’elles sont régulièrement utilisées par les collégiens qui dépendent du conseil départemental de la Haute-Vienne. « Il aurait dû payer 520 000€ par an» comptabilise le maire.
Nous cessons ce montage (financier) pour mettre légalement et réglementairement des recettes de fonctionnement en face des frais que nous finançons. Il en est de même de la salle d’arme et du Dojo où nous assurons, par convention antédiluvienne, les frais de fonctionnement de cette partie de Chéops.
Plus tard, au cours de cette même séance, le conseil municipal a donc voté la résiliation de la convention de gestion du complexe Robert Lecomte Dojo et de la salle d’escrime. Depuis 1995, la ville assurait la gestion de ce complexe, propriété du département, et prenait en charge les dépenses de fonctionnement : entretien courant, planning, le gardiennage, etc. pour un coût annuel de 143 000€.
Dans une logique de mutualisation des moyens et de maîtrise des coûts, il apparaît opportun que l’ensemble dojo régional/salle d’escrime soit également géré par le département.
Cette annonce, appuyée par plusieurs tweets du maire de Limoges n’a pas manqué de faire réagir l’opposition. Thierry Miguel, conseiller municipal et conseiller départemental PS, regrette cette décision et évoque « une absence de réflexion de la ville de Limoges sur la politique du sport » :
Il s’agit d’un nouveau désengagement de la ville dans ses missions et ses compétences. Il est incroyable de voir qu’une communication très large été faite en s’appuyant en partie sur ces équipements pour l’obtention du label « Terre de jeux 2024 ». S’en féliciter puis s’en désengager est assez surprenant.
A l’origine de cette bisbille qui dure déjà depuis plusieurs mois entre la ville de Limoges et le conseil départemental de la Haute-Vienne, le projet d’un futur stade d’athlétisme porté par le département.
Depuis, les échanges entre les deux institutions n’ont cessé de se refroidir. Jusqu’à arriver à cette décision de Limoges.
Quelles conséquences pour les utilisateurs ?
Au lendemain de cette annonce municipale, le département a décidé dans un premier temps de reprendre la gestion du dojo et de la salle d’escrime. Désormais, il assurera seul les 143000€ de fonctionnement de ces deux structures.
Le département va assumer sa responsabilité qui est celle de promouvoir le sport aussi bien pour le haut-niveau que pour le confort et il travaillera avec tout le monde (…) Mais il y a des responsabilités à avoir, le sport est une compétence obligatoire pour la ville et facultative pour le département.
En plus des clubs sportifs, le Dojo et la salle d’escrime de Chéops accueillent également les élèves d’un collège (Bernard de Vantadour) et 8 écoles élémentaires de Limoges. Ce changement de gestion n’aura aucune incidence pour les usagers.
En revanche, six salariés de la ville de Limoges travaillent actuellement sur ce site.
Les employés municipaux restent des employés municipaux et ils seront réaffectés dans les établissements municipaux en rang, grade et fonction qui sont les leurs.
Cette guéguerre politique peut-elle avoir une incidence sur l’utilisation par les collégiens des autres infrastructures sportives limougeaudes (piscines, gymnases, terrains)? Les collégiens pourraient-ils se voir refuser l’accès à ces lieux ? La réponse de la mairie est claire : « Non. Il ne s’agit en aucun de prendre en otage les collégiens ou le personnel de ces établissements ».
Aujourd’hui, Limoges souhaite dénoncer la convention qui l’unit au département depuis 2016, car selon elle, les obligations légales ne sont plus respectées. Plusieurs courriers ont déjà été adressés dans ce sens au conseil départemental. Pour l’heure, sans résultat.
Mais les deux parties devront tôt ou tard se retrouver afin d’établir de nouvelles modalités de convention et d’utilisation des espaces sportifs pour les prochaines années.