La Coupe d'Europe de Vovinam Viet vo dao se déroulera à Limoges, les 18 et 19 mai 2024. Un événement sportif, mais aussi un retour aux sources puisque dans les années 70, c'est depuis Limoges que cet art martial vietnamien s'est développé en Europe.
C’est un savoir millénaire venu du Vietnam qui se transmet, encore aujourd’hui, jusqu’au Dojo d’Ambazac en Haute-Vienne. "Il y a des fois de la bagarre, de l'enchaînement technique. Il y a mes copains, et ça m'apprend à me défendre", nous explique Victor Rivassou, huit ans.
Mais pour Serge Pagnon, maître 4ᵉ dang, l'objectif est clair : "On leur apprend des techniques, mais on ne veut pas en faire des combattants, ni des voyous. À l'origine ici, c'est un système d'éducation avec le respect. D'ailleurs, notre devise, 'être fort pour être utile', résume tout."
Une philosophie enseignée dans une quarantaine de clubs en France. Alexandre Usai en a fondé plusieurs en Haute-Vienne, car il a pour mission d’essaimer la pratique du Vovinam Viet vo dao :
Le deuxième principe du Vovinam, c'est écrit noir sur blanc, c'est de développer notre art martial, de semer chez les jeunes graines, et de former des professeurs pour pouvoir ouvrir des clubs et diffuser l'art martial partout dans le monde.
Alexandre UsaiProfesseur 3ème dang
Ce principe de rayonnement s’applique en Europe dès les années 70. Le point de départ se situe alors non loin de cette salle. Un statut né grâce à une poignée d’hommes dont Ha Kim Khanh. En 1972, le jeune homme venu étudier à Limoges rencontre Maitre Phan Hoang, professeur de sciences économiques à l’IUT de la Borie.
Il a eu l'idée de rassembler les maîtres vietnamiens enseignant les arts martiaux en France pour créer quelque chose de commun. On a fondé ensemble la fédération française de Viet vo dao en 1973", raconte Maître Ha Kim Khanh, secrétaire général du Conseil Mondial des Maîtres.
Ils enseignent alors leur savoir aux étudiants limougeauds, entre autres. Puis en 1975, les autorités vietnamiennes de la discipline cherchent à structurer la diffusion de leur art martial. Elles envoient à Limoges un jeune expert, Tran Nguyen Dao, devenu aujourd’hui président du Conseil Mondial des Maitres.
Un héritage de poids que les actuels maîtres et professeurs du Limousin revendiquent, en toute humilité, comme l'explique Maitre Serge : "c'est un honneur de prendre la suite avec ce qu'ils nous ont appris. Mais il nous manque encore beaucoup de choses. Malheureusement, on n'en apprendra pas autant qu'eux, ils en connaissaient."
En cinquante ans, Limoges a su conserver son titre de berceau occidental d’un art martial ancestral.
Une mémoire intacte grâce à eux : les pratiquants du Vovinam Viet vo dao, qu'ils soient expérimentés ou débutants.