Opération séduction pour Arnaud Rousseau. Le patron de la FNSEA était en visite mardi 9 avril en Haute-Vienne. Au programme, la loi d’orientation agricole, les préoccupations toujours bien présentes et, à plus long terme, les prochaines élections agricoles.
Trois mois après la violente crise des agriculteurs, la FNSEA, le principal syndicat agricole de France, ne veut pas relâcher la pression. D’autant, que la loi d’orientation agricole, qui détermine les aides et la politique agricole du pays, n’est toujours pas votée. Initialement prévue à l’automne 2023, elle a été reportée et ne sera examinée à l’Assemblée nationale qu’en mai prochain. La FNSEA, comme l’ensemble des agriculteurs, attend donc toujours que les mesures promises par le gouvernement soient appliquées dans les exploitations. C’est ce qu’a rappelé son président, mardi 9 avril, lors de sa visite du centre interrégional de l’élevage ovin (le CIIRPO), basé à Saint-Priest-Ligoure, en Haute-Vienne.
La souveraineté alimentaire, les installations et la transmission, les sujets autour de la compétitivité sont centraux. C’est ce qu’on veut voir dans la loi.
Arnaud Rousseau, Président de la FNSEA
Car sur le terrain, pour l’instant, les annonces ont du mal à se concrétiser et l’impatience commence à gagner les éleveurs limousins : "Aujourd’hui, on ne ressent pas les choses sur l’exploitation", résume Guillaume Mathieu, un éleveur bovin. Dans certaines fermes, la situation reste compliquée, comme l’explique une autre éleveuse :
On parlait de la trésorerie il y a trois mois. Il y a encore beaucoup d’élevages qui ont des soucis de trésorerie et pour l’instant rien n’a été mis en place.
Aurélie TrentalaudEleveuse
Après la crise, les élections
L’autre enjeu de la visite du président de la FNSEA se situe un peu loin dans le temps. En janvier 2025, les prochaines élections professionnelles se tiendront dans les 103 chambres d’agricultures. Elles désigneront les prochains représentants départementaux, régionaux et nationaux qui seront élus pour six ans. 2024 est donc, aussi, une année de campagne.
Lors du dernier scrutin, en 2019, la FNSEA, associée aux Jeunes agriculteurs, était arrivée encore largement majoritaire sur le territoire (55,44%). Mais derrière elle, la Coordination Rurale avait poursuivi sa montée (20,17%) et remporté plusieurs nouvelles chambres, dont celle de la Haute-Vienne.
En début d’année, lors de la dernière crise agricole, la Coordination rurale a également été très active pour bloquer les grands axes routiers et participé à d’autres actions spectaculaires.
À moins d’un an des prochaines élections, le premier syndicat de France veut rappeler son "poids historique" :
On a un réseau régional, on a un réseau national. Et ça, les autres ne l’ont pas.
Boris Bulan, président de la FDSEA de la Haute-Vienne
Certains militants rappellent aussi que, pour l’instant, la FNSEA reste l’interlocuteur privilégié des politiques dans les négociations.