À Limoges, le chantier de rénovation du stade a pris beaucoup de retard. Un aléa qui pèse sur les riverains mais aussi sur les finances de l'association du Vigenal Football Club. La mairie espère un retour à la normale en octobre. Explications.
Le sable du chantier se disperse dans les rues, la tractopelle à l'arrêt semble figée sur le bitume. Sur le terrain de l'ancien stade Georges Cousiné aux murs tagués, dans le quartier du Vigenal, c'est le calme plat.
Une ambiance bien différente des dimanches de match de l'année dernière. Plus de six mois que les habitants et le club de football de Vigenal attendent qu'un stade flambant neuf réanime le quartier. La rénovation devait se terminer en juin 2023, et le club devait récupérer les clés au mois d'août.
Le club de Vigenal inquiet
Au 5 septembre, tout est à l'arrêt et le club a fait sa rentrée sans domicile fixe. "Cela impacte grandement le club, avec l'arrivée de ce nouveau stade, on avait tout misé sur l'école de foot ", déplore Samir Abbassi, secrétaire du Club de Football du Vigenal, qui compte 90 licenciés.
S'attendant à profiter d'une plus grande infrastructure dès l'été, l'association sportive avait déjà embauché quatre éducateurs et comptait accueillir du public sur les matchs à domicile pour compenser les pertes de recettes de l'année. "Sans stade pour afficher les logos des sponsors, ni buvette pendant un an, c'est plusieurs milliers d'euros de perte, s'inquiète le secrétaire du club, nous avons dû mettre tous la main à la poche".
Depuis février, le club fonctionne à bas régime, en mode nomade : les entraînements des équipes jeunes et séniors sont limités. Et si l'équipe Première a été suspendue à la suite de la violente agression d’un arbitre en cours de saison, les autres équipes peinent à trouver un lieu où disputer leurs matchs.
"Je vis dans le quartier depuis que je suis née, depuis le confinement, il y a beaucoup de conflits. Le football, ça fédère, on se retrouve tous le dimanche, on en a besoin ! ", s'impatiente Cécile, qui depuis la rue Charles Sylvestre a une vue imprenable sur le chantier.
Si elle se réjouissait d'accueillir un tout nouveau stade en bas de chez elle, elle regrette aujourd'hui le retard du chantier. Trois mois, c'est trop pour elle : "les murs tremblent, ça fait un bruit de fou, j'en peux plus de toute cette poussière qui rentre chez nous ".
Un défaut d'étanchéité
La ville de Limoges, qui finance le projet, s'en désole : "Jusqu'en juin, les travaux n'ont pas eu de grandes difficultés, mais suite à une probable erreur de communication entre l'entreprise spécialisée et le fournisseur, le terrain n'est pas fonctionnel," explique Philippe Pradon, directeur des sports à la Ville de Limoges.
Le problème : un défaut d’étanchéité au niveau de la couche drainante, la qualité et la densité des cailloux utilisés pour cette couche de revêtement n'étaient pas suffisantes pour garantir le bon fonctionnement du terrain sur le long terme.
"C'est grâce à nos contrôles qualité que nous nous sommes rendus compte du problème, il vaut mieux quelques mois de retard de livraison qu'un stade défectueux et onéreux à entretenir dans quelques années ", prévient Philippe Pradon.
L'entreprise, spécialisée dans le terrassement des infrastructures sportives et basée en Vendée, n'a pas répondu à nos sollicitations, à l'heure où nous publions cet article.
Un projet ambitieux
Pour 1,4 million d'euros, les travaux étaient ambitieux. Dans l'ancien stade Georges Cousiné, doit trôner un revêtement vert en fibres synthétiques, l'ensemble des éclairages doit être changé, et la construction d'un Club House est également prévue.
L'objectif est d'obtenir une homologation dite T3 pour ce nouveau stade, qui devrait pouvoir accueillir des rencontres jusqu’en Nationale 3 ainsi que des matchs de Coupe de France jusqu’en 16es de finale. Pour l'heure, sur le chantier, aucune infrastructure n'est visible, tout est à l'arrêt.
Le chantier reprendra le 19 septembre, et c'est l'entreprise qui assumera les frais supplémentaires. La ville de Limoges prévoit l'ouverture du stade d'ici à la mi-octobre.
Qu'un petit mois à attendre, les habitants du quartier Vigenal et leur club, désolés devant ce terrain de poussière déserté, sont sceptiques.