En Haute-Vienne les esthéticiennes se préparent à la reprise, dans le flou...

Gérantes de salon, esthéticiennes à domicile, franchisées, indépendantes, spécialisées dans le SPA ou les soins classiques, installées en centre ville ou à la campagne, toutes ont choisi de reprendre leur activité à partir du 11 mai. Mais dans quelles conditions ?

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"Nous sommes dans le flou"... Voici la réponse unanime de la dizaine d'esthéticiennes contactées aujourd'hui pour écrire cet article.

Après le discours à l'Assemblée Nationale du premier ministre mardi dernier les esthéticiennes savent qu'elle pourront reprendre une activité à partir du 11 mai. Mais dans quelles conditions ? Cela reste un mystère.

Nathalie Duvergne est esthéticienne à domicile, elle attend avec impatience les informations de la Confédération Nationale Artisanale des Instituts de Beauté et SPA

Pour l'instant ils ne nous ont pas envoyé de protocole, je me pose donc beaucoup de questions. Devrons nous porter des visières ? Acheter des serviettes jetables ? Pour ce qui est de la désinfection du matériel, j'ai toujours été extrêmement rigoureuse, donc cela ne changera pas grand chose. J'ai recommencé à prendre des rendez-vous mais toujours en demandant à ce que la cliente soit bien équipée d'un masque. J'essaie aussi de commander plus de gants mais c'est compliqué d'en trouver en ce moment. J'en ai suffisament pour débuter, mais impossible d'en trouver d'autres pour l'instant.

Même constat chez plusieurs des ses consoeurs qui peinent à trouver des gants, les fournisseurs habituels situés à Limoges sont actuellement fermés et les sites internet spécialisés en rupture de stock.

Pour Annick Guignard installée dans une commune proche de Limoges, pour l'instant le carnet de rendez-vous reste vierge :

Je préfère attendre lundi prochain pour reprendre des rendez-vous. Afin d'être certaine que nous serons bien un département vert. J'ai commandé des masques supplémentaires, j'en ai commandé également en tissus auprès d'une couturière. Pourrons nous recevoir les clientes si elles n'arrivent pas équipées? Je n'en sais rien pour le moment. J'ai la chance d'avoir un salon qui fait 100mdonc suffisament grand pour que ma salariée et moi maintenions les distances de sécurité.

Cependant il y a des soins que je ne suis pas certaine de refaire tout de suite. Les soins du corps par exemple. Impossible d'avoir les avant-bras protégés, donc dans un premier temps je ne les ferai pas.


Tous les soins seront-ils autorisés ?

Les soins du corps c'est justement l'activité principale du salon d'Alice Fournet, spécialisée dans les massages et le SPA.

Si on ne peut plus faire de soins du corps, nous perdrons 70% de notre activité. J'attends les directives du label SPA de France pour en savoir plus.

Même chose pour Estelle Fritot en pleine réflexion sur ses méthodes de travail. Reponsable d'un SPA depuis 12 ans elle s'interroge :

Nous allons devoir adapter notre pratique. Par exemple demander à la cliente de placer sa tête sur le côté "à l'ancienne" et non pas dans le trou de la table prévu à cet effet car c'est un équipement qui risque d'être plus compliqué à désinfecter.



Marie-Sophie Noirt gère elle aussi un SPA :

Nous allons adapter nos techniques. Dans un premier temps nous ne prendrons pas de soins longue durée. De toute façon pour les clientes l'urgence n'est pas là. Les demandes vont surtout à l'épilation en ce moment.

Les questions se posent également pour les soins du visage... Difficile de les réaliser avec une cliente équipée d'un masque explique Catherine Brégère installée depuis plus de 30 dans une petite commune proche de Limoges :

La première semaine je ne prend aucun rendez-vous pour les soins du visage. Je me focalise sur les épilations et l'onglerie. J'ai commandé des visières et je me suis équipée de plaques de plexiglas pour les manucures, l'esthéticienne sera ainsi séparée de sa cliente. 


Moins de clientes

Depuis le discours d'Edourard Philippe Catherine Brégère a rouvert son carnet de rendez-vous :

J'ai un fichier de 1200 clientes. Je les appelle pour leur dire que nous reprenons notre activité. Des coups de fil qui nous montre à quel point notre rôle est important. Nous avons une vraie proximité, un vrai rôle social pour certaines clientes. 

Cependant toutes ne pourrons pas avoir un rendez-vous rapide. Les clientes seront beaucoup moins nombreuses chaque jour. Distanciation oblige. Pas de salle d'attente, pas de clientes qui se croisent non plus.

Nous nous laisserons au moins 1/4 d'heure entre chaque cliente pour tout désinfecter. Précise Marie-Sophie Noirt.

Nous allons reprendre dans des conditions très difficiles. Ajoute Catherine Brégère.


Surmonter les difficultés

J'ai planifié ma salariée à temps plein, mais moi je ne viendrai au salon que lorsque mon mari ou mon fils de 17 ans pourront être à la maison pour garder ma plus jeune fille qui n'a que 7 ans. Explique Annick Guignard.

La jeune femme précise que ces deux mois d'inactivité devraient cependant pouvoir être surmontés sans trop de peine pour sa part.

J'ai la chance d'avoir pu toucher les 1500 euros d'aide mensuelle de l'Etat pour les artisans. Et 1250 euros de l'URSSAF également. J'ai pu décaler les mensualités de mes crédits également. Et j'ai bénéficié de l'allocation de la CPAM pour garde d'enfant, sans aucune carence, alors qu'habituellement, nous artisans, avons 30 jours de carence.

Beaucoup moins optimiste et fraîchement installée, Florence a ouvert son salon à Panazol une semaine avant le confinement :

Je ne suis pas sûre que mon salon survivra à ces deux mois d'inactivité. Je n'ai pas pu toucher d'aide. Il aurait fallu que je sois radiée en tant qu'esthéticienne pour bénéficier du chômage. Ce sera très dur pour beaucoup d'entre nous. D'autant plus que certaines clientes risquent d'être frileuses à l'idée de revenir en salon.

Catherine Brégère explique que pour compenser les investissements et pertes engendrés par le confinement elle s'est interrogée sur une possible augmentation de ses tarifs :

Mon comptable me l'a fortement déconseillé. Il pense que les clientes se sentiraient agressées. Et c'est vrai que je culpabilise toujours à l'idée d'augmenter mes tarifs. La priorité c'est de relancer l'économie. Mais là en effet cela va être très dur.

Mes salariées ont accepté de faire des journées continues à partir du 18 mai pour tenter de rattraper les pertes et le retard. Le risque c'est pour moi tout simplement de perdre 30 ans de travail. Mais je ne vais pas commencer à pleurer sur mon sort. Je suis là pour remonter le moral de mes clientes.

Dans l'attente de consignes et de protocoles clairs, les esthéticiennes naviguent entre espoir et craintes...
 



 
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