La survie de l'abattoir devrait être évoquée lors du conseil communautaire de Limoges Métropole le 26 septembre. Le nombre de salariés sera réduit drastiquement, mais le président de la Communauté Urbaine promet qu'il n'y aura pas de casse sociale, tout en expliquant une situation économique compliquée.
En juin 2024, les 80 salariés de l’abattoir de Limoges se sont mis en grève plusieurs jours, s’inquiétant pour la pérennité de leur emploi et le paiement de leurs salaires.
Trois mois plus tard, ils ont repris le travail, mais semblent toujours aussi inquiets, d’autant que la direction a renoncé à augmenter, autant qu’elle le souhaitait, les taxes payées par les usagers.
Il faut dire que 97% du tonnage de la structure, est réalisé par trois clients : Les sociétés Covilim, VLS (Groupe Terrea) et Plainemaison.
Le groupe Terrea a investi dans un nouvel outil agro-industriel et pourrait se passer des services de l’abattoir de Limoges si les tarifs de ce dernier augmentaient trop.
Alors, Guillaume Guérin, président (LR) de Limoges Métropole, s’insurge : « Je ne peux pas laisser dire à l’opposition que l’outil est mal géré. Si on augmente trop les taxes, il ne faudra pas venir pleurer si l’un de nos clients retire ses 6 ou 7 tonnes annuelles ».
Baisse structurelle et conjoncturelle du tonnage
Il est vrai que la production de l'abattoir de Limoges est en chute libre depuis 2022. À cette date, 26 000 tonnes de viande par an étaient abattues chaque année sur les bords de Vienne. En 2024, la production n'est plus que de 16 000 tonnes.
Dans ce contexte, le départ d'un des clients signerait l'arrêt de mort de la structure et la disparition immédiate de 80 emplois.
Il faut se rendre à l'évidence, la consommation de viande bovine a beaucoup baissé ces dernières années, d'autant que son prix a augmenté et que le pouvoir d'achat des ménages a diminué.
Guillaume GuérinPrésident (LR) de Limoges Métropole
Le nombre de bovins est aussi en chute libre dans les exploitations. Ces dernières années, les éleveurs ont connu bien des difficultés et ont dû vendre certaines de leurs mères allaitantes. Selon Bernard Thalamy, 1ᵉʳ vice-président de Limoges Métropole, c'est l'une des raisons qui explique la baisse du cheptel.
L'offre et la demande de viande bovine ont baissé. Alors forcément, les abattoirs travaillent moins.
Sauver l'abattoir de Limoges, sans casse sociale
Pour Guillaume Guérin, l'abattoir de Limoges a atteint une taille critique avec une production qui ne dépasse pas les 16 000 tonnes par an : "Il peut encore vivre plus d'une dizaine d'années et a vocation à être utilisé par tout le Limousin, une partie du Cantal et du Puy-de-Dôme. Notre positionnement géographique est un atout, à équidistance entre Clermont-Ferrand et Bordeaux".
Il est nécessaire de prendre des mesures structurelles.
Guillaume GuérinPrésident (LR) de Limoges Métropole
L'outil continuera à tourner, mais il ne restera plus que 50 salariés en production, et 12 assignés aux fonctions support à la fin de l'année 2024 (en Équivalent Temps Plein). Ils étaient 104 en 2022.
Des départs à la retraite n'ont donc pas été remplacés. Des ruptures conventionnelles de contrat ont été signées, et des requalifications proposées.
Je tiendrai l'engagement que j'ai pris devant les salariés. Il n’y aura aucune casse sociale à l’abattoir du temps de mon mandat.
Guillaume GuérinPrésident (LR) de Limoges Métropole
D'autres leviers seront par ailleurs activés : la construction d'une nouvelle station d'épuration est nécessaire pour pérenniser l'outil. Elle a déjà été budgétée. La question des groupes froids et des frigos devra aussi être évoquée dans un futur proche.
"Perdre le moins d'argent possible"
Selon le président de Limoges Métropole, toutes les factures de l'abattoir ont été acquittées au 31 juillet 2024.
Le conseil d'administration, composé des syndicats, d'une partie du personnel, des négociants, des chambres d'agriculture et des élus, a aussi voté une délibération importante à l'unanimité.
L'un des clients de l'abattoir n'a pas payé sa contribution à l'augmentation du prix de l'énergie. 83 500 euros viennent donc d'être mis en recouvrement par le Trésor Public.
L'équation qui permettra à l'abattoir de Limoges de survivre est compliquée.