Le 31 mai 1940, le Parlement Belge en exil à Limoges tenait une séance extraordinaire dans la salle des mariages de la Mairie.
Députés et sénateurs Belges y fustigeaient la capitulation du roi Léopold III devant les armées d'Hitler.
L’évènement a probablement plus marqué la mémoire collective des Belges que celle des Limousins.
Cela reste en tout cas un épisode marquant de l’histoire du début de la seconde guerre mondiale.
Il y a 80 ans, le 31mai 1940, le trône du roi des Belges Léopold III a vacillé face à la gronde des parlementaires de son pays réunis à Limoges dans la salle des mariages de la mairie.
Trois jours plus tôt, le souverain avait capitulé face à Hitler. Dix-huit jours d’une offensive éclair avaient suffi à l’armée allemande pour conquérir le pays.
Le trône du roi des Belges va vaciller à Limoges
Mais contrairement à la reine Wilhelmine des Pays-Bas qui avait quitté son pays envahi le 13 mai avec son gouvernement pour s’exiler en Grande-Bretagne, Léopold, lui, avait choisi de capituler et de rester à Bruxelles avec l’occupant allemand.
De leur côté, Gouvernement et Parlement avaient choisi l’exil depuis le 23 mai.
Les ministres avaient trouvé refuge à Poitiers pendant que députés et sénateurs étaient accueillis à Limoges dans des hôtels réquisitionnés.
Egalement réfugiés à Limoges, la plupart des grands journaux belges et leurs journalistes font une déclaration relayée par le Populaire du Centre : « Les membres de la presse Belge réunis à Limoges le 29 mai 1940 confirment la décision prise à Bruxelles par tous les journaux de ne paraître en aucun cas sous l’occupation allemande ».
Ils promettent « d’éclairer la population belge et de collaborer à la mobilisation de toutes les forces de la Nation contre l’agression allemande ».
En France, la capitulation de Léopold III face à Hitler a provoqué la colère de Paul Reynaud, le chef du gouvernement de l’époque.
Les parlementaires belges sont accueillis chaleureusement
A Limoges, les parlementaires belges sont accueillis par le sénateur-maire socialiste de l’époque Léon Betoulle.
L’édile de la cité porcelainière met sa mairie à la disposition des parlementaires d’outre-Quiévrain et prononce un discours qui stigmatise leur souverain : « un traître, non seulement à ses alliés, mais aussi à son peuple ». Il évoque également « la conscience française, soulevée de dégoût par la félonie du roi Léopold ».
Quelques semaines plus tard, Léon Betoulle votera les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Le 29 mai, le chef du gouvernement belge en exil Hubert Pierlot décide de convoquer le maximum de parlementaires de son pays pour une assemblée solennelle à Limoges.
S’exprimant à la radio, il explique que la capitulation du roi et de l’armée ne doivent pas engager tout le pays et que « la faute d’un homme ne peut-être imputée à la Nation toute entière ».
L'impossibilité de régner réclamée pour Léopold III
Dans la foulée, il délie les officiers et les fonctionnaires du devoir d’obéissance qu’implique leur serment de fidélité envers le roi.
Puis le Conseil des ministres constate officiellement « l’impossibilité de régner » de Léopold III puisque ce dernier « s‘est placé volontairement sous le pouvoir de l’ennemi ».
Le Parlement n’a plus qu’à se réunir. C’est ce qu’il fait le 31 mai dans la salle des mariages de la mairie de Limoges.
54 sénateurs sur 167 et 89 députés sur 202 sont présents pour débattre de la résolution proposée par Hubert Pierlot.
Le quorum n’est pas atteint. Peu importe. Après de houleux débats, le chef du gouvernement belge parvient à rassembler derrière lui l’unanimité des parlementaires présents pour « flétrir publiquement la capitulation dont Léopold III a pris l’initiative et dont il porte l’exclusive responsabilité devant l’Histoire ».
A Limoges Pierlot sort donc victorieux de la bataille parlementaire en revendiquant, hors du sol national, la conduite de l’unité nationale belge et la poursuite de la guerre contre l’Allemagne.
Malgré le vote du Parlement en exil, le souverain restera sur son trône
Le 18 juin, le jour de l’appel à la Résistance du Général de Gaulle, le gouvernement belge en exil se réfugiera à Londres pour la durée de la guerre.
Quant aux parlementaires, unanimes, à Limoges pour flétrir l’attitude de Léopold III, 74 d’entre eux de retour en Belgique se rétracteront dès le 15 septembre dans un Mémorandum d’excuses transmis au monarque « prisonnier » pendant toute l’occupation allemande dans son vaste palais de Laeken, dans la banlieue de Bruxelles.