La procédure de reconnaissance de l'État de catastrophe naturelle va être accélérée en Haute-Vienne, annonce faite ce lundi 1ᵉʳ avril après un week-end de fortes pluies et d'inondations. Les conditions météo défavorables des dernières semaines commencent à peser lourd chez les agriculteurs qui n'ont pas pu semer les céréales.
Johannes Knies a les yeux rivés sur son téléphone. Cet agriculteur, basé à Dompierre-les-Églises (Haute-Vienne), scrute les données de sa station météo connectée. Car depuis octobre dernier, il a relevé un taux de pluviométrie de 800 mm...
Si la vigilance crue a été levée dans le département, et si désormais Haute-Vienne, Creuse et Corrèze sont redescendus en vigilance jaune, ce lundi 1er avril, après un week-end d'inondations, les données sont préoccupantes ces dernières semaines : "On regarde plusieurs fois par jour, chaque jour. Sur les jours à venir, on est déjà sur 25 mm supplémentaires. Et pas vraiment d'accalmie annoncée sur les quinze jours... On est un peu pessimistes jusqu'au 15 avril", regrette Johannes Knies, agriculteur et secrétaire adjoint à la chambre d'agriculture de la Haute-Vienne, interrogé le vendredi 29 mars.
Un gros manque à gagner
À une cinquantaine de kilomètres au sud, à Veyrac, les parcelles sont impraticables pour semer les céréales. Yann Gourdon, céréalier, voit ses 180 hectares gâchés par les intempéries. Les pertes de rendement vont être conséquentes sur l'ensemble de sa production. "Il n'y aura pas un rendement de céréales blé d'hiver, mais il y aura des céréales de printemps avec un rendement de 25, 30 % en moins" explique-t-il.
Le surcoût de semences va être d'environ 15 000, 20 000 euros sur l'exploitation. Le manque à gagner sur la vente d'environ 50 000 et 60 000 euros.
Yann GourdonAgriculteur
Les cultures de printemps sont, en partie, d’ores et déjà condamnées, ce qui est synonyme de surcoût annoncé et d'inquiétude pour l'ensemble de la filière. "Les agriculteurs se posaient déjà la question à l'automne, en espérant pouvoir compenser par une partie des semis de céréales de printemps, mais on se rend compte que ça va être compliqué", déclare Céline Nouaille, conseillère production végétale à la chambre d'agriculture de la Haute-Vienne.
Pour ces professionnels de l'agriculture, il faut donc envisager des solutions de remplacement, à la hâte. "On va faire une parcelle de maïs, avant le 15 mai, j'espère. Si on le sème après cette date, ce sera encore plus compliqué pour avoir les bonnes semences", explique l'agriculteur Johannes Knies. Des aléas qui, en outre, impacteront, à terme, la production de paille.
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Procédure accélérée de catastrophe naturelle
Si la vigilance crue a été levée, à la suite des inondations survenues ce week-end en Haute-Vienne, la procédure de reconnaissance de l'État de catastrophe naturelle se voit accélérée dans le département par le ministère de l'Intérieur. Une annonce qui permettra aux victimes de dégâts d'être indemnisées plus rapidement.
À la demande du Président de la République, nous lançons dès à présent la procédure accélérée de reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle suite aux crues survenues dans la Vienne, en Haute-Vienne et en Indre-et-Loire. L’Etat se tient aux côtés des élus et des habitants…
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) March 31, 2024
Reportage de Marine Guigné, Valérie Agut et Marion Harenger, diffusé le vendredi 29 mars 2024 sur notre édition ICI 19/20 Limousin :