Le CETA, accord commercial avec le Canada, vrai danger pour l'élevage bovin français ou faux problème ?

La vente de jeunes taureaux reproducteurs organisée ces jours-ci à la station de qualification de Lanaud est l'occasion, pour les éleveurs, d'évoquer leurs craintes pour l'avenir de la viande bovine française et limousine. Notamment à l'approche du vote au Sénat pour la ratification du traité de libre-échange avec le Canada. Mais pour certains, c'est un faux problème.

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Les accords commerciaux internationaux défavorables aux productions françaises sont une des raisons de la colère des agriculteurs qui s'exprime depuis plusieurs semaines. 

Rassemblés au sud de Limoges pour une vente aux enchères au pôle de Lanaud, qui œuvre à la promotion de la race limousine, les éleveurs évoquent leurs inquiétudes quant à une éventuelle ratification du Ceta, traité commercial avec le Canada. 

Une fois encore ce sont les différences de normes engendrant des écarts de prix qui posent problème : "On craint de voir rentrer sur notre territoire des produits que nous, nous n'avons pas le droit de produire avec toutes les normes que nous avons", explique Gérard Ménard, éleveur de Limousines en Loire-Atlantique.

"On va aller signer des accords de libre-échange avec des pays qui, on le sait, ne respecte pas les mêmes normes que nous, notamment en termes d'usage d'antibiotiques, d'alimentation. On est vraiment déconnecté d'une réalité de terrain", poursuit le président du Herd-Book Limousin, Olivier Lasternas.

Le danger viendrait d'ailleurs

Selon Jean-Baptiste Moreau, ancien député macroniste de la Creuse et porte-parole du cercle de réflexion "Agriculture Stratégies", le danger ne vient pas du Canada, mais des pays d'Amérique latine de l'alliance Mercosur. L'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur est pour le moment en suspens, en raison d'exigences environnementales et commerciales européennes non satisfaites.

"Je me suis opposé, dès 2019, à l'accord Mercosur avec les pays d'Amérique du Sud parce que c'est un mauvais accord qui comprend des tonnages de viande phénoménaux qui vont détruire quasiment notre élevage extensif du Massif central. L'accord avec le Canada n'est pas de la même nature, les volumes de viande possibles à l'importation en provenance du Canada sont beaucoup plus faibles. Ils ont des filières qui ne sont pas du tout adaptées à l'exportation puisqu'ils utilisent des hormones de croissances qui sont strictement interdites à l'importation dans l'Union européenne.", explique Jean-Baptiste Moreau.

Le reportage de Cécile Descubes et Frédérique Bordes : 

durée de la vidéo : 00h01mn46s
Comme plusieurs fois dans l'année, une vente de jeunes taureaux reproducteurs a lieu aujourd'hui et demain à la station de qualification de Lanaud, au Sud de Limoges. Alors que l'on reparle du CETA et que les Sénateurs vont devoir le 21 mars se prononcer sur la ratification ou NON de ce traité d'échanges commerciaux avec le Canada, quelques éleveurs bovins avouent leur crainte pour la viande bovine française et limousine. Mais certains spécialistes estiment que c'est un faux problème. ©Cécile Descubes et Frédérique Bordes-France 3 Limousin

Un accord appliqué depuis 6 ans de façon provisoire

Accord commercial bilatéral de libre-échange entre l'Union européenne et le Canada adopté en 2017, le Ceta (Comprehensive Economic and Trade Agreement) s'applique depuis en France "de façon provisoire" : le Sénat ne l'a jamais ratifié, contrairement à l'Assemblée nationale qui l'a voté en 2019.

Surfant sur la colère des agriculteurs et la campagne pour les élections européennes, les sénateurs communistes l'ont inscrit à l'agenda du palais du Luxembourg jeudi 21 mars prochain. L'objectif des communistes est clairement de faire rejeter le Ceta. Objectif soutenu par les sénateurs socialistes et écologistes, ainsi que quelques sénateurs de droite désireux de joindre les actes "aux grandes déclarations vis-à-vis des agriculteurs".

Suivant l'avis de son rapporteur, la commission des affaires économiques du Sénat a presque unanimement refusé la ratification du Ceta ce 12 mars.

Le Ceta pourrait continuer à s'appliquer de façon provisoire, malgré un vote contre du Sénat, jusqu'à l'éventuelle convocation d'une commission mixte paritaire, chargée de trouver un accord entre Sénat et Assemblée.

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