En pleine crise des urgences, et face au manque de lits dans certains services, la direction du CHU de Limoges a présenté une série de mesures pour rendre l’établissement plus attractif et pouvoir recruter le personnel soignant qui lui fait cruellement défaut.
À peine une semaine après un nouveau déclenchement du plan blanc, la direction du CHU de Limoges monte au front. Ce mercredi 11 octobre, face la presse, elle a voulu montrer qu’elle avait décidé de prendre des mesures concrètes et immédiates pour tenter d'améliorer la situation.
Pour Pascale Mocaër, la directrice générale du CHU, et pour le professeur Jean-Yves Salle, le président de la commission médicale d'établissement, l’objectif ultime est clair : il faut rouvrir des lits, voire en ouvrir de nouveaux. Pour fluidifier le fonctionnement du CHU de Limoges, il faudrait, selon eux, rouvrir une centaine de lits et en créer une vingtaine de nouveaux, notamment en gériatrie et en unités de soins de longue durée pour les personnes âgées.
Rouvrir des lits, voire en ouvrir de nouveaux
Mais les lits ne suffisent pas. Dans un hôpital, il faut du personnel pour soigner les patients qui les occupent. C’est le défi auquel est confronté la direction. Dès cet automne, et dans les mois à venir, elle va donc mettre en place une série de mesures pour tenter de renforcer l’attractivité du CHU de Limoges, attirer du personnel soignant … et surtout le garder.
Une enveloppe de 3,5 millions d'€ va être consacrée à ces mesures (pour un budget total de 590 millions d'€ pour le CHU de Limoges en 2022).
Actuellement, 60 postes d’infirmiers et 40 postes d’aides-soignants sont vacants.
Attirer du personnel soignant ... et surtout le garder
Plusieurs décisions ont été prises selon quatre axes prioritaires : des « mesures phares » applicables immédiatement, des mesures salariales et sociales, des mesures pour améliorer le management et l’organisation, et des actions de communication pour renforcer l’image du CHU et de son territoire.
Parmi les mesures phares et immédiates, le délai d’intégration dans le statut de la fonction publique hospitalière va passer de 2 ans à 6 mois d’ancienneté pour les infirmiers, et de 5 ans à 2 ans pour les aides-soignants. 67 infirmiers et 137 aides-soignants seraient d’ores et déjà concernés par cette décision.
Le financement des études permettant une évolution professionnelle pour le personnel va être augmenté, notamment vers la fonction d’aides-soignants.
La rémunération des heures supplémentaires va être renforcée. Une enveloppe de 800 000€ a été dégagée à cet effet.
Pour les infirmiers et les aides-soignants, le recrutement se fera immédiatement en CDI. Les délais de passage de CDD en CDI pour les autres soignants seront réduits.
L’apprentissage va être développé, le nombre de contrats d’allocation d’études (financement des études contre engagement de travail la sortie) va être augmenté.
La capacité d’accueil en crèche pour le personnel va être augmentée.
Recentrer le personnel soignant sur son activité de soins
En termes d’organisation, d’autres actions vont progressivement être menées au sein du CHU de Limoges pour recentrer le personnel soignant sur leurs activités de soin.
La recherche paramédicale va être développée, de nouveaux moyens logistiques vont être déployés, l’accompagnement des infirmiers vers de nouvelles compétences dites « de pratiques avancées » va être renforcé et la formation du personnel par la « simulation en santé » va être pérennisée.
Toutes ces mesures suffiront-elles à renforcer l’attractivité du CHU de Limoges et à attirer de nouveaux personnels soignants pour y travailler?
Comme les autres, il est confronté à une crise des recrutements et à une dégradation de l’attractivité qui touche l’ensemble de l’hôpital public et de ses métiers.
Mais plus que d’autres, le CHU de Limoges doit encore supporter le handicap d’une ville difficile d’accès avec un déficit d’image confirmé dans les souhaits d’affectation des étudiants en médecine qui le placent souvent en queue de peloton.
Enfin, le poids de la démographie régionale ne vient rien arranger. La surreprésentation des personnes âgées dans les patients qui sont soignés par le CHU de Limoges nécessite des soins spécifiques qui, en termes purement budgétaires, coûtent souvent plus à l’hôpital qu’elles ne lui rapportent.
Mais n’est-ce pas là la mission et la raison d’être d’un hôpital public ?
Un hôpital refait à neuf en 2030 ?
En marge de leur conférence de presse, les membres de la direction du Chu de Limoges ont présenté les grands traits du chantier de rénovation complète du bâtiment du CHU Dupuytren 1.
Un projet estimé à 315 millions d’€ et qui devrait être mené à terme en 2030.
Les premiers permis de construire devraient être signés dans les prochains jours et le projet sera présenté plus en détails dans les semaines qui viennent.