À l’issue du deuxième tour des élections législatives ce dimanche 19 juin 2022, le paysage politique du territoire Limousin est bouleversé. L'analyse du politologue Thomas Marty.
En Creuse, Jean-Baptiste Moreau sort de l'hémicycle
À l'issue de ce deuxième tour des élections législatives, le macroniste Jean-Baptiste Moreau quitte l'Assemblée nationale au profit de la candidate de la NUPES Catherine Couturier.
Thomas Marty : C’est une vraie surprise électorale, et en même temps une petite révolution politique. Parce qu'il y a un net glissement à gauche avec une candidate La France Insoumise qui a un passé communiste.
Elle a réussi à rassembler de façon inédite l’électorat de la "classe moyenne fonctionnaire" des villes, avec un électorat beaucoup plus populaire, rural et âgé.
Elle n'a bénéficié d’aucun soutien important de la part des élus locaux creusois. Et elle s'est appuyée sur de nouveaux militants . Elle a su canaliser le vote sanction contre un député sortant qui, bien que présentant un bilan honorable en tant que député, a peut être trop endossé le costume de défenseur d’un camp.
En Haute-Vienne, victoire massive de la NUPES
Il y a trois nouveaux députés dans le département, tous issus de la NUPES. Les insoumis Manon Meunier et Damien Maudet et le socialiste Stéphane Delautrette.
Thomas Marty : C'est une transformation presque totale de la gauche dans ce département. Avec l’irruption de militants ayant su convertir la dynamique de la campagne présidentielle en faisant de La France Insoumise le parti dominant sur l’ensemble du département.
Seul Stéphane Delautrette symbolise, de par son style et son parcours, le socialisme haut-viennois, où député et élu local peuvent se résumer dans une seule et même personne.
Ce front commun a t-il un avenir localement ?
Thomas Marty : Cela me semble très difficile et incertain. Il n'y a aucune structure locale pour travailler ensemble, tout est à construire. Les circonscriptions ne correspondant à aucun territoire concret, ils devraient avoir des difficultés à se coordonner avec le Conseil départemental par exemple.
Il y a un risque de distorsion, un peu comme chez les députés marcheurs de 2017 avec les collectivités locales, car ce sont des élus et des militants qui finalement risquent de ne pas se croiser.
Un vote sanction ?
Thomas Marty : La Haute-Vienne renouvelle complètement sa députation en sanctionnant de différentes manières les sortants, les parachutés et les dissidents.
En Corrèze : le retour de la chiraquie
Frédérique Meunier, la députée sortante LR, a été réélue. Francis Dubois, soutenu par Les Républicains, va entamer son premier mandat.
Thomas Marty : La Corrèze renoue avec une tradition classique d’union totale entre la représentation parlementaire et les collectivités locales. Frédérique Meunier et Francis Dubois sont les seuls parlementaires à représenter politiquement et de façon unie l’ensemble des territoires du pays de Corrèze.
Ce qui semble être une marque de confiance envers Les Républicains, et ce, malgré la tentative loupée de récupération corrézienne de Valérie Pécresse en campagne pour la présidentielle.
Au-delà des deux anciens Présidents de la république, le rôle politique national de la Corrèze semble s’éloigner au profit d’une opposition de terroir, atypique dans le panorama français.
