A 26 ans, la candidate LFI de la Nouvelle Union Populaire Écologiste et Sociale remporte le second tour face au candidat de la majorité présidentielle. Après Marie-Ange Magne en 2017, les électeurs ont à nouveau choisi le renouvellement, mais d'un tout autre bord.
Le parvis du centre commercial de Corgnac, un début d'après-midi d'entre deux tours. C'est l'enclume où le soleil frappe. A la sortie du tourniquet, les clients doivent faire face à la vague de chaleur, et à celle des arguments de Manon Meunier.
La jeune femme est de prime abord plutôt réservée. Une certaine forme de timidité dont elle sait pourtant s'affranchir. La silhouette élancée semble frêle. Une impression aussitôt démentie lorsqu'elle fonce, déterminée, au contact des passants : "C'est pour les élections dimanche. Je suis la candidate de l'union de la gauche. Vous voulez plus de partage des richesses ? Je me présente face Geoffroy Sardin, le candidat de Macron. C'est pour faire barrage au gouvernement actuel !"
Un engagement récent
Lors de ces face-à-face avec les électeurs, la candidate égraine les propositions de la NUPES : retraite à 60 ans, Smic à 1500 euros. Dans ce quartier populaire, ces arguments ont une certaine portée.
Elle est accompagnée ce jour-là de militants de la première heure. Ceux qui l'ont désigné pour être la candidate sur cette 3e circonscription. Son engagement en politique est récent. Elle s'engage à la France Insoumise pendant la campagne présidentielle.
C'est à ce moment qu'elle est repérée : "Ce sont plusieurs constats d'injustice sociales et environnementales, intensifiées sous le quinquennat Macron qui m'ont poussé à passer le cap et à m'engager. Il faut aussi que la jeunesse soit présente à l'assemblée nationale".
Nouvelle génération politique
La QG de la candidate se situe au domicile d'un militant.
Sur la terrasse ombragée on trouve des ordinateurs, des cartes de la circonscription constellées de gommettes, et les tableaux détaillées des résultats par commune. Il y a là le directeur de la communication et le directeur de campagne. Aucun n'a plus de 35 ans.
La NUPES soigne sa communication et tente d'éviter les fausses notes. Pas facile de recueillir des confidences, de cerner véritablement la jeune femme. La candidate est dans la maîtrise et peine à se livrer. Chassez les éléments de langage du programme commun, ils reviennent au galop.
Jeunesse haut-viennoise
Native de Limoges, Manon Meunier, 26 ans, a passé sa jeunesse dans la campagne du nord de la Haute-Vienne. Elle en a gardé un attachement à la nature et un engagement écologique précoce et elle est administratrice bénévole pour une association naturaliste : " Je réalise des recensements pour la faune. Je vise différentes espèces, ça peut-être aussi bien des mammifères, des amphibiens mais aussi des insectes et notamment des groupes de papillons. C'est ce qui permet d'avoir un recul sur la biodiversité".
Formée à l’ENSAIA (École Nationale Supérieure en Agronomie et Industries Alimentaires) de Nancy, Manon Meunier est actuellement chargée de mission développement durable auprès de plusieurs collectivités territoriales. Issue d'un milieu plutôt modeste, elle est la fille d'un ambulancier et d'une aide soignante.
Sa conscience sociale et politique a été éveillée, petite, au contact d'un professeur des écoles : "Il m'a convaincu que la politique est le moyen de changer les choses. Le désir de s'engager politiquement remonte donc à loin. On m'a fait comprendre rapidement que c'était le levier qui manquait dans la société pour aller chercher les décideurs et qu'on change de cap, enfin".
De LFI à AC/DC
Pour aller plus loin, il faut cuisiner les membres de l'équipe : "Manon Meunier c'est une super femme, très déterminée qui porte de belles valeurs. Elle laisse la possibilité à tout le monde de s'exprimer et puis surtout elle fait confiance, elle écoute. On peut mettre en place des choses de manière collective" , explique Vincent Laroche, directeur de communication.
"Elle est rock à fond. On écoute du ACDC dans la voiture quand on fait la tournée des communes et ça marche plutôt bien pour mettre l'ambiance", confie Thomas Rigout, directeur de campagne.
D’Highway to hell à Highway to l’Assemblée nationale, ce sera peut-être le tube de Manon Meunier...