Avec 16 757 voix réunies dimanche 19 juin 2022, Sabrina Minguet, unique candidate du Rassemblement National en lice pour pour le deuxième tour des élections législatives en Limousin, a fait un score loin d'être anecdotique. Les verrous du front républicain semblent avoir cédé en Haute-Vienne.
Le front républicain existe-t-il toujours en Haute-Vienne ? Pour rappel, la notion de "front républicain" désigne, lors d'une élection, la coalition de plusieurs partis politiques, pour faire barrage au Rassemblement National.
Et bien ce front républicain était en sourdine lors de ces élections législatives en Haute-Vienne.
Une seule candidate RN a franchi le cap du premier tour. Celle qui était en lice sur la deuxième circonscription de la Haute-Vienne. Sabrina Minguet, 30 ans, auxiliaire de vie en EHPAD, novice en politique, elle était opposée au socialiste Stéphane Delautrette, maire des Cars, président de l'association des maires de Haute-Vienne, vice-président du conseil départemental, qui se présentait sous l'étiquette de la NUPES. À l'issu du premier tour le ballotage était largement favorable au candidat de la NUPES 35.6% des voix contre 19.8% pour Sabrina Minguet.
La délicate question des consignes de vote s'est alors posée et les réponses sont parfois restées vagues.
"Je ne donne pas de consigne de vote," expliquait Shérazade Zaiter. La candidate officielle de la majorité présidentielle sur cette même circonscription, était arrivée troisième avec 15.4% des suffrages. "Chacun est libre de voter pour qui il veut, je n'ai rien contre Monsieur Delautrette mais je tiens à préciser que lors de la campagne tous mes opposants se sont vraiment bien comportés avec moi," précisait la candidate LREM.
Du côté de Guillaume Guérin, le président LR de Limoges Métropole, pas de consigne de vote non plus sur cette circonscription dans l'entre-deux tours : "Stéphane Delautrette a un pédigrée d'élu qui fait que de toute évidence dimanche prochain, la question est de savoir s'il fera mieux que Jacques Chirac en 2002 ou un peu moins. Donc, franchement des consignes de vote sur ce type d'élection, elles sont totalement à côté de la plaque."
Mais finalement ce n'est pas un écart vertigineux qui séparait, le 19 juin au soir, Stéphane Delautrette (NUPES) et Sabrina Minguet (RN). Moins de 10 000 voix entre les deux candidats (9973), sur 98 185 inscrits (51 490 votants)... On est loin de la razzia annoncée. D'autant plus loin que la candidate RN a convaincu 6 500 électeurs supplémentaires par rapport au premier tour.
"Je pense que ces voix supplémentaires proviennent du parti de madame Zaiter, qui a appelé à ne pas faire front républicain, je pense que son électorat a été touché par ses paroles. Nous avons aussi un électorat de Reconquête qui nous a rejoint naturellement et puis je pense que nous avons aussi cet électorat des Républicains qui aujourd’hui penche soit du côté macroniste soit du côté de Marine Le Pen. Et qui se dit, pourquoi ne pas donner cette chance au Rassemblement National," analyse Cyril Louic, le délégué adjoint du Rassemblement National pour la Haute-Vienne.
Autre explication, le RN a fait campagne, à la campagne... "Aujourd’hui notre programme adhère parfaitement à la défense de la ruralité qui a été oubliée sous la présidence Macron mais aussi sous la présidence Hollande, c’est une continuité. Et aujourd’hui, on veut redonner ces milliards qui ont été distribués dans les quartiers populaires. Certes il faut de l’argent dans les quartiers populaires pour améliorer le quotidien des personnes qui y habitent, mais je pense qu’on a oublié la campagne et je pense que ces milliards doivent aussi être donnés à cette campagne pour que les habitants puissent aussi vivre correctement," poursuit Cyril Louic.
Avec 89 sièges à l'Assemblée nationale le RN est aujourd'hui le premier parti d'opposition à la majorité présidentielle. D'où la proposition de Jean-Luc Mélenchon, ce lundi 20 juin 2022, de créer un groupe NUPES à l'Assemblée. Cette coalition imaginée pour faire front commun lors des élections législatives, deviendrait alors un véritable parti capable de peser lourdement sur la vie politique des cinq années à venir. Cependant, les écologistes, les socialistes et les communistes ne semblent pas prêts à se soumettre aux Insoumis, ils ont, ce lundi, refusé la proposition de Jean-Luc Mélenchon.