Sa montée en division d'élite pousse le LH87 a vouloir disputer plus de matchs hors de son petit gymnase. Mais le CSP n'en peut plus de partager Beaublanc. Et une interview du maire crée des tensions. Clochemerle peut-être, mais réel manque d'infrastructures sur Limoges...
On le sait depuis le 14 avril dernier, et les décisions officielles de la Ligue Nationale de Handball, contraintes par le Coronavirus : le Limoges Hand 87 évoluera, pour la première fois de son histoire, en division d'élite.
Et les amoureux de roucoulettes de saliver déjà des prochaines venues du PSG, de Montpellier ou encore de Nantes.
Une montée déjà activement préparée par le club, notamment sur le marché des transferts...
Plus de matchs à Beaublanc
Mais cette promotion confronte le LH87 à la petitesse de son gymnase, Henry Normand, quasi neuf (inauguré en 2016), mais limité à 1 200 places.
Dans le passé, les limougeauds ont déjà évolué sur le parquet de Beaublanc, ou même au Zénith de la ville, lors de rencontres dites de gala. Cette saison, six matchs étaient programmés au Palais des Sports, trois seulement s'y sont déroulés, pour cause de Coronavirus.
Et naturellement, les handballeurs souhaitent pouvoir faire de même lors de la prochaine saison, pour environ dix rencontres.
Le CSP n'en peut plus de déménager
Mais ces venues du LH87 comme celles d'autres événements sportifs, tels l'open de tennis féminin, gênent les habituels locataires des lieux, les basketteurs du Limoges CSP.Non pas qu'ils ne veulent pas prêter leur « chaudron », dont ils ne sont d'ailleurs pas propriétaires, mais Beaublanc est aujourd'hui fait de telle manière que la modularité de la salle n'est pas aisée.
Un exemple : son parquet est « trop court » pour poser simplement dessus le « Gerflor » des handballeurs. Donc à chaque match du LH, il faut d'abord démonter le parquet du CSP, puis le remonter. Cinq jours de travaux durant lesquels la salle n'est pas disponible pour les différents entraînements, pro et jeunes, du club.
Le LH et le CSP travaillent conjointement à ce problème depuis plusieurs mois, en bonne intelligence, comme nous l'ont confirmés ce jour par téléphone et Alain Aubard, président du LH87, et Richard Dacoury, vice-président du CSP. Comment cohabiter au mieux dans la salle, comment pourquoi pas mutualiser certains secteurs, comme le marketing des rencontres, voilà quelques pistes de ces travaux. Travaux auxquels participe bien sûr et également la mairie de Limoges, propriétaire de Beaublanc.
Une tension avivée
Tout pourrait donc (presque) aller dans le (quasi) meilleur des mondes, si un article de nos confrères de France.TVSport, en date du 25 avril, n'avait éveillé, voire réveillé, sinon des rancœurs, du moins des incompréhensions.
Le CSP, toujours par la voix de Richard Dacoury, y applaudit l'essor du LH.Le LH lui, également par la voix d'Alain Aubard, y déclare n'avoir aucune intention de pousser le CSP hors Beaublanc.
Mais des mots rapportés du maire de Limoges, Émile-Roger Lombertie, ont provoqué la surprise et une certaine colère des basketteurs.
Selon l'article, l'édile limougeaud aurait dit : « Je suis bien conscient de la rivalité naissante entre les deux clubs [...]. Vous savez, la vanité a la vie dure et je pense qu’il y aura des excès à surmonter. Le CSP vit beaucoup sur son image du passé, quand le basket était le seul sport d’envergure ici, mais je pense que les deux clubs doivent pouvoir cohabiter, s’entendre sur les plus grosses affiches et offrir une grande fête du sport à Limoges. ».
Rivalité naissante, et plus encore, vanité et son image du passé ne passent justement pas du tout du côté du CSP. Le club a d'ailleurs publié un communiqué à ce sujet.
Des réactions bien différentes
Du côté du LH, on se sent bien étranger à cette polémique.On n'a rien à voir là dedans, encore une fois, on est en bonne intelligence avec le CSP. On ne veut certainement pas les virer de Beaublanc !
Vous savez, dans notre histoire, on a longtemps été un club SDF, on a dû jouer dans tous les gymnases du département !
Après oui, il va falloir faire le dos rond quelques temps. [Alain Aubard, président du LH87]
Mais Richard Dacoury, lui, est tout de même allé plus loin.
Les propos du maire sont une réelle surprise, il sont irrespectueux pour le club, pour son histoire, pour ses supporters et même pour Limoges.
On a un vrai souci avec Beaublanc qui, je le rappelle, est aujourd'hui prévu pour être une salle de basket et rien d'autre.
La saison passée, avec toutes les utilisations hors basket, les pros et les jeunes ont du « déménager » une cinquantaine de jours. Dans des structures pas forcement prévues pour un club professionnel, avec notamment tous les risques de blessures que cela implique.
La mairie n'est évidemment pas d'accord en tout point avec ce discours. Jointe également ce jour par téléphone, Sylvie Rozette, l'adjointe aux sports, a tenu à faire quelques précisions.
« Son image du passé » a été mal compris. Le maire voulait faire référence à l'époque où le CSP régnait sans partage sur la ville, pas à une nostalgie qu'il entretiendrait. Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
Oui il y a un problème de calendrier, mais on n'a pas le choix, il faut s'adapter.
On est conscient des problèmes du CSP, mais on est également contraint par les choix des précédentes mandatures, comme le fait qu'Henry Normand (le gymnase du LH) a été fait trop petit. Leur montée n'avait pas été anticipée !
Sur les délais d'indisponibilité, dès le mois de septembre prochain, on va agrandir le parquet de Beaublanc, aux deux extrémités. Pour le basket, cela ne se verra pas, ils auront leurs loges dessus, mais pour le Hand, cela facilitera la pose du Gerflor, et évitera qu'on enlève et remette sans cesse le parquet. On devrait passer de cinq à deux jours de travaux.
On entend les craintes du club (NB : du CSP), mais on aimerait qu'il soit plus une force de proposition.
Il y a d'autres salles de haut niveau, comme celle de CHEOPS.
Et puis on travaille avec les deux clubs, depuis plus de six mois, pour une nouvelle salle, juste à côté de Beaublanc, qui servirait à la fois de lieu d’entraînement pour le CSP, et de plan B pour le LH.
On n'a aucun problème avec le CSP. Mais il n'est pas propriétaire de Beaublanc. Par contre, il y est prioritaire !
Des propos qui laissent dubitatif Richard Dacoury :
On sait qu'on n'est pas propriétaire, puisqu'on paye environ 195 000€ par an pour la location de Beaublanc. Mais on estime donc à ce titre pouvoir en jouir comme le club professionnel que nous sommes, avec de légitimes ambitions.
Chéops ? C'est décharger le problème sur le Conseil Départemental, à qui appartient la structure. Et puis elle est surchargée...
L'extension du parquet ? C'est une promesse faîte, mais ça ne réglera fondamentalement rien.
Quant à la future salle, oui, évidemment, on est pour, mais c'est un projet qui ne sera pas opérationnel avant plusieurs années. Alors en septembre prochain, comment s'organise-t-on ?
Oui on sent des tensions avec la mairie, sans d'ailleurs que cela ne date de notre présidence (la présidence de Céline Forte), c'était déjà le cas avec Fred (Fred Forte, l'ancien président, décédé le 31 décembre 2017), ou même de cette mandature. Mais on ne peut pas dire d'un côté que l'on est les premiers supporters du CSP, et de l'autre, faire sentir l'inverse au club.
Morale de l'histoire : on n'a pas fini d'en entendre parler ou, ce que le Coronavirus a réussi à faire avec les Feux de l'Amour (la suspension de leur diffusion, une première en 47 ans!), il a échoué avec Dallas-sur-Vienne. ! Pour paraphraser Alexandre Vialatte, et c'est ainsi que Limoges est grande...