Les fonctionnaires de la police judiciaire de Limoges se sont mobilisés le mardi 11 octobre 2022 à Limoges (Haute-Vienne) pour protester contre la réforme de la PJ de Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur. Des opérations sont reportées.

Un acte symbolique. Le mardi 11 octobre 2022, les agents de la police judiciaire (PJ) de Limoges, en Haute-Vienne (87), ont instauré une grève de zèle afin de contester la réforme de la police judiciaire portée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

"Si on se limite à un département, ce n'est pas le cas de la grosse délinquance"

La réforme de la PJ a du mal à passer. Si elle ne devrait pas être finalisée avant le second semestre 2023, celle-ci prévoit de placer tous les services de police à l’échelle du département.

Ainsi, un seul DDPN (Directeur Départemental de la Police Nationale) aurait l'autorité sur le renseignement, la sécurité publique, la police aux frontières (PAF) et la police judiciaire; le tout, sous l'égide du préfet.

On va perdre notre capacité à répondre à la grande délinquance, c'est à dire les trafics de stupéfiants régionaux, nationaux et internationaux, sur les meurtres avec des auteurs en fuite, sur les fugitifs... Parce que notre énergie sera prise ailleurs. Si on se limite à un département, ce n'est pas le cas de la grosse délinquance.

Bernard Couquet, délégué syndical police judiciaire de Limoges

L'indépendance dont jouit la police judiciaire pourrait être menacée par cette départementalisation. La zone d'action des agents serait ainsi limitée. Or, la police judiciaire a cette spécificité de s'adonner à des enquêtes complexes et longues de parfois plusieurs années.

On a peur d'être des palliatifs à nos collègues de la sécurité publique qui sont débordés par les dossiers, notamment de violences intra-familiales... Il y a 200, 300 voire 400 dossiers sur certains secteurs. C'est complètement ingérable.

Bernard Couquet, délégué syndical police judiciaire de Limoges

Une réforme pour attirer de nouveaux candidats ?

"On n'est pas contre une réforme, il faut réformer la police nationale comme il faut réformer n'importe quelle administration", affirme Bernard Couquet.

L'investigation est en crise en France et attire de moins en moins de candidats.

Il faut se demander pourquoi. Beaucoup de fonctionnaires de police ne veulent plus de ces gros dossiers qui rentrent à la maison avec eux. Tant qu'on n'aura pas travaillé sur le redimensionnement de ces carrières, on continuera à avoir une crise de vocation de l'investigation.

Emmanuel Lann, représentant syndical Alternative

Soutien de la magistrature

Les syndicats de la magistrature, qui ont peur pour l'indépendance de la justice, soutiennent les syndicats de police.

Car, s'il y a moins d'enquêteurs, ce sont des piles de dossiers qui vont rester en déshérence dans les cabinets d'instructions : "Si la justice ne peut plus solliciter les policiers de façon aussi efficace, c'est l'activité de la justice elle-même qu'on limite et à laquelle on porte atteinte", regrette Adeline Boscheron, vice-présidente au tribunal judiciaire de Limoges.

Action reconductible

Bordeaux, Marseille, Montpellier, Limoges... En France, des agents de plus de quarante villes différentes se sont rassemblés pour participer à cette action d'une grande envergure.

Cette grève du zèle, portée par l'Association nationale de la police judiciaire (ANPJ), a induit le report des interventions programmées (auditions, perquisitions, interpellations...) et l'annulation d'une seule interpellation à l'heure où nous publions cet article ; les interventions d'urgence ont été assurées selon Bernard Couquet.

Reconductible, cette grève du zèle pourrait durer jusqu'au 17 octobre, date à laquelle se tiendra à Limoges une manifestation réunissant policiers, avocats et magistrats.

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