Le patron de la PJ sud, Eric Arella, a été démis de ses fonctions ce vendredi 7 octobre 2022, au lendemain de la manifestation des policiers contre la réforme de la police judiciaire. Des policiers de Marseille, Montpellier ou encore du Gard s'étaient rassemblés jeudi à l'occasion de la venue du directeur général de la Police nationale, Frédéric Veaux pour lui faire une "haie de déshonneur".
A peine 24 heures après la mobilisation des policiers de la police judiciaire, à l'hôtel de police de Marseille, le patron de la PJ, Eric Arella, a été démis de ses fonctions.
Il est remplacé par Dominique Abbenanti, actuellement attaché de sécurité à Alger.
"C'est une honte, on lui fait porter le chapeau. Il a toujours été loyal. Et ce sont la quasi totalité des responsables qui sont contre cette réforme", explique une source de la PJ à Marseille.
Eric Arella pilotait notamment les enquêtes sur le narcobanditisme de Perpignan à Nice, en passant par Marseille, Montpellier et Nîmes, parmi les villes les plus touchées par ce fléau. Il était en poste à Marseille depuis 2015.
Eric Arella, contacté par France 3 Occitanie, ce vendredi après-midi, n'a pas souhaité faire de commentaires.
Il va prendre de nouvelles fonctions à l'IGPN, dès lundi 10 octobre.
Le soutien de la PJ à leur ex patron
De nouvelles manifestations contre la réforme de la police et contre le limogeage d'Eric Arella ont eu lieu en fin d'après-midi, à Montpellier et à Perpignan.
Sur les 260 fonctionnaires de la PJ en poste en Languedoc-Roussilon, ils étaient une centaine à 16h, ce vendredi, sur les marches du commissariat central de Montpellier. Entonnant la Marseillaise et brandissant des messages "je suis Arella".
L'éviction de monsieur Arella, c'est inédit ! Il faut effectivement réformer la police nationale, l'investigation de la Sécurité publique mais pas à tout prix. Pas en sacrifiant la police judiciaire qui est un outil qui fonctionne bien et qui est essentiel pour la police et à la société française.
Nathalie, enquêtrice et membre de l'association nationale de la police judiciaire.
Des manifestations contre la réforme de la police
"On lui reproche le coup de force des officiers hier", a commenté une autre source policière locale, évoquant un homme "très respecté".
Le syndicat des commissaires de police, SCPM, a rapidement réagi : "Le SCPN déplore cette décision brutale et injuste (...) Limoger un chef de police doit rester un acte exceptionnel et justifié par des motifs graves et avérés.".
Des dizaines de policiers se sont rassemblés vendredi spontanément au pied de l'hôtel de police de Marseille pour saluer Eric Arella. Idem à son arrivée dans le parking de la police.
Jeudi, quelque 200 officiers de la PJ avaient manifesté devant l'Evêché, l'hôtel de police à Marseille, à l'occasion de la venue du directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux. A sa sortie de réunion, il a traversé les couloirs dans une ambiance glaciale, contraint de fendre une haie de manifestants bras croisés et silencieux.
La réforme de la PJ suscite une énorme réticence au sein de l'institution mais aussi du côté de la justice.
Porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin et Frédéric Veaux, le projet prévoit de placer tous les services de police d'un département, renseignement, sécurité publique, police aux frontières (PAF) et police judiciaire (PJ), sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet.