La forêt est-elle menacée ? Cet automne 2023, l’IGN (Institut national de l’information géographique et forestière) publie des données sur l’état des forêts en France. Il révèle des forêts de plus en plus affectées par le réchauffement climatique, avec un ralentissement du puits de carbone et une mortalité accrue des arbres. Le Limousin, lui, est moins touché.
État des lieux
En Limousin, la forêt représente 589 000 hectares, soit 35 % du territoire contre 31 % en France (17,3 millions d’hectares). Au 19ᵉ siècle, son taux de boisement n’était que de 12%. L’augmentation s’explique par l’exploitation forestière.
Sur les trois départements, la forêt est composée majoritairement de feuillus, c’est-à-dire de chênes, de hêtres… sauf sur le Plateau de Millevaches, où l’on trouve du douglas planté après la seconde guerre mondiale.
Depuis 1991, la superficie de la forêt évolue de + 0,2 % par an, c’est moins que la moyenne nationale qui est de +0,7 % par an.
En Limousin, la forêt est à 96 % privée contre 75% en France.
Les conséquences du réchauffement climatique en France
- Mortalité des arbres
En France, les sécheresses, les crises sanitaires forestières, la prolifération des "bioagresseurs" (maladies, ravageurs comme les scolytes, adventices) ont fragilisé les arbres avec une hausse de 80 % de la mortalité depuis 10 ans.
13,1 millions de mètres cube par an (Mm3/an) entre 2013 et 2021 contre 7,4 Mm3/an entre 2005 et 2013. Cela équivaut à 0,5 % du volume de bois vivant, explique l’IGN, soit le cumul des surfaces touchées par les incendies de ces 35 dernières années.
- Ralentissement de la croissance des arbres
Un ralentissement de la croissance des arbres a été observé. De 87,8 Mm3/an entre 2013 et 2021 contre 91,5 Mm3/an entre 2005 et 2013. Les études prouvent que la croissance des arbres est liée à l’évolution des températures et des précipitations.
- Ralentissement du puits de carbone
Les arbres stockent 1,3 milliard de tonnes de carbone. Si ce stock continue d’augmenter, l’Inventaire Forestier montre un ralentissement de cette dynamique depuis 10 ans à cause de la multiplication des crises sanitaires (scolytes de l’épicéa, chalarose du frêne…). Le puits de carbone s’établit à 40 millions de tonnes de CO2 par an en moyenne sur la période 2013-2021, diminuant d’un tiers en une décennie.
Quid du Limousin ?
Nathalie Derrière, responsable des résultats d’inventaire forestier à l’IGN explique que la forêt limousine reste préservée du réchauffement climatique.
En Limousin, on ne voit pas de hausse significative de la mortalité ni même en Nouvelle- Aquitaine. C’est vraiment notamment le grand Est qui est touché.
Nathalie Derrière, responsable des résultats d’inventaire forestier à l’IGN
Moins affectée par les sécheresses répétées, "un hectare de forêt limousine produit plus de bois qu’un hectare de forêt française. Même avec la mortalité et les coupes d’arbres, la ressource en bois se renouvelle chaque année" explique Nathalie Derrière.
Préserver la forêt
En juillet 2023, un outil a été lancé pour gérer et préserver au mieux la forêt française. Il s’agit de l’observatoire des forêts françaises. Porté par cinq acteurs publics : l’IGN (l’inventaire forestier), l’Office national des forêts (ONF), le Centre national de la propriété forestière (CNPF), France Bois Forêt, l’Office français de la biodiversité (OFB), il vise à "rassembler, produire, diffuser des informations, des connaissances pour aider à la prise de décision sur la gestion durable des écosystèmes forestiers, et mettre en réseau les acteurs du domaine".
Localement, il existe aussi le RAF, le Réseau des Alternatives Forestières. Porté par des membres de la société civile, il accompagne les particuliers à acheter des parcelles collectivement et à les exploiter d’une façon écologique.