Hestia et Toit à moi viennent d'ouvrir à Limoges un dispositif d'appartements-tremplins. Ces deux associations ont acheté deux appartements qui doivent permettre à des sans-abris de se réinsérer.
Même s'il y a encore quelques travaux à faire, l'appartement est déjà plutôt douillet. 34 m², tout près de l'hôtel de ville. Une pièce à vivre avec coin cuisine, une petite chambre, et des WC. De quoi accueillir un couple, une famille monoparentale ou une personne seule.
Cet appartement et un autre du même type ont été acquis par Toit à Moi. Une association créée à Nantes en 2007. L'idée de ses fondateurs est de loger des sans-abris dans ces appartements pour la durée nécessaire, en moyenne deux ans et demi, afin de pouvoir repartir du bon pied dans la vie.
"Les sans-abris qui arrivent ont avant tout besoin de se poser, de pouvoir dormir au calme sans se demander si on va leur prendre leurs affaires, sans avoir à se préoccuper de l'endroit où ils dormiront le soir suivant. On ne peut pas avancer, faire des démarches quand on ne sait pas où on dort le soir", expliquent de concert Marie Courvasier, chargée de communication pour Toit à Moi et Magali Meneyrol, directrice de l'association partenaire Hestia.
Des logements bien situés, proche du centre-ville, dans des quartiers actifs et dans des immeubles où il peut y avoir une certaine mixité sociale. Le but est de créer du lien et de retrouver de l'autonomie.
Prise en charge intégrale
La prise en charge est intégrale. Elle est médicale en premier lieu et concerne tant le physique que le mental, avec les éventuels problèmes d'addiction. Elle est sociale également avec toutes les démarches administratives pour bénéficier des aides (aide au logement, RSA, CAF). Droits qui ne sont souvent pas demandés par ces personnes.
Un loyer symbolique est alors calculé en fonction de la valeur locative du logement.
"Pour encourager l'autonomie, pour que la marche ne soit pas trop haute lorsque les bénéficiaires vont sortir du dispositif", confie Marie Courvasier.
Des bénévoles assurent ensuite le lien social avec notamment des sorties culturelles. Une aide alimentaire est également apportée en collaboration avec la banque alimentaire.
Le retour à l'emploi est toujours la dernière étape. Il faut d'abord faire tomber toutes les barrières.
Marie Courvasier
Via des ateliers de rédaction de CV et de lettre de motivation, grâce aussi aux entreprises mécènes, les démarches sont ensuite lancées pour trouver un emploi.
Conditions d'accès
Les bénéficiaires sont sélectionnés grâce aux associations locales partenaires (CCAS, Missions locales) : "Nous sélectionnons des profils dont nous savons pouvoir les aider. Nous retenons ensuite trois candidatures par logement et nous finissons par des entretiens avec les candidats et un passage devant une commission. C'est toujours un choix difficile", explique Magali Meneyrol directrice de l'association partenaire Hestia.
Ce n'est pas qu'une aide à sens unique, les bénéficiaires doivent respecter certaines obligations, comme celle de se soigner.
Toit à Moi possède déjà 56 appartements sur toute la France et a permis à 139 personnes de sortir de la rue. Elle s'implante dans les villes en son nom propre ou via des partenaires comme Hestia à Limoges. Son financement est assuré par du mécénat, mais surtout par des particuliers, des parrains marraines. Ils sont actuellement 2300, et l'association est toujours en quête de nouveaux donateurs.
C'est grâce à eux que Toit à Moi a pu débourser les 150 000 euros nécessaires à l'acquisition des deux appartements limougeauds. "Le gros atout de Limoges, c'est la faiblesse des prix de l'immobilier. C'est la ville la moins chère de France dans laquelle nous sommes implantés. Pour le même prix, à Nantes, nous n'aurions eu qu'un seul appartement", explique Marie Courvasier.
Recherche de bénévoles et de partenaires
L'implantation à Limoges étant récente, Toit à Moi est toujours en recherche de partenaires associatifs pour aller toujours plus loin dans l'insertion. Elle cherche aussi des bénévoles, notamment pour aider à poser le parquet flottant dans l'appartement en réfection. Les premiers bénéficiaires devraient y être accueillis dans le courant du mois de mai.
Dans l'avenir, Toit et Moi envisage d'acquérir trois autres appartements et d'employer ainsi un travailleur social pour en assurer la gestion. Une manière d'apporter sa pierre à l'édifice de la lutte contre le mal logement. Sur le territoire de Limoges Métropole, on estime à 800 le nombre de sans-abri.