Musées fermés à Limoges : "On sait pertinemment que les postes à la mairie sont sacrifiés pour le grand projet de Beaublanc"

En quête d’économie, la municipalité mise sur des fermetures pour faire baisser la facture de chauffage. Les syndicats ont réagi en évoquant leurs inquiétudes concernant les fermetures au public des musées trois jours par semaine. Affirmations contestées ce mardi soir par la mairie qui précisera ses intentions définitives le 8 décembre prochain.

Selon les syndicats, la nouvelle a été annoncée le 15 novembre par la mairie de Limoges : certains établissements publics, comme les musées, vont fermer trois jours par semaine.

Raison invoquée : la crise énergétique... les plannings ont dû être revus à la baisse. Les différents syndicats y voient, quant à eux, un moyen de faire des "économies drastiques de personnel".

Les musées de la Résistance et des Beaux-Arts unis dans un plan d'économie

Habituellement, les musées étaient fermés au public les mardis. Mais dès le 13 février 2023, il pourraient bien être fermés trois jours au total : 

"Dans un premier temps, on a nous a annoncé la fermeture le lundi... et on avait aucun moyen de pression, c'était le lundi et puis c'est tout. On a commencé à chiffrer la perte en matière de fréquentation car le lundi, ce n'est pas anodin", se froisse Agnès Peyronnet, déléguée CGT de la Ville de Limoges.

Les lundis, les musées reçoivent des écoles. Sur le musée de la Résistance, cela représente environ 780 enfants sur la période de janvier à juin, 1 500 pour le musée des Beaux-Arts... Une baisse de fréquentation considérable.

Le mardi, c'est fermeture nationale historique. Les musées seront finalement fermés aussi le mercredi, samedi matin et dimanche matin. (...) Mais cela pose des problèmes d'hygrométrie et de sécurisation des œuvres, on ne peut pas baisser le chauffage comme ça. Et, de toute façon, les administratifs continuent de travailler dans les bureaux donc on ne peut pas couper le chauffage comme ça.

Agnès Peyronnet, déléguée CGT Ville de Limoges

Karine Mercier, déléguée FSU 87 Ville de Limoges, regrette "un manque d'estime pour la culture" au profit d'autres projets municipaux d'un coût de plusieurs dizaines de millions d'euros.

Aujourd'hui je pense que c'est visible, les grands projets de la municipalité ont été dévoilés lors du dernier conseil municipal. On sait pertinemment que les postes à la mairie de Limoges sont sacrifiés pour le grand projet de Beaublanc. La culture passe à l'as, certains n'estiment pas encore véritablement sa valeur.

Karine Mercier, déléguée FSU 87 Ville de Limoges

Une question de sécurité 

Et au-delà de la fermeture, une mutualisation de la cinquantaine d'agents des musées de la Résistance de Limoges, des Beaux-Arts et du conservatoire de musique serait envisagée, selon ces syndicats. "On se demande comment cela serait possible. Les agents des musées sont sur des filières professionnelles ou des cadres d'emploi qui relèvent de ces filières culturelles ; qu'est-ce qu'on va leur proposer au conservatoire si l'information se confirme ? Mutualiser, je peux l'entendre, (...) pour autant on ne peut pas faire tout et n'importe quoi", s'interroge Hugues Mathieu, secrétaire général CGT Ville de Limoges.

Mais cela poserait également des problèmes au niveau de la sécurité : certains agents sont formés, d'autres pas. Le secrétaire général CGT se demande comment le niveau de sécurité exigé par l'Etat pourra être maintenu dans les établissements ouverts au public, si mutualisation il y avait.

Au musée des Beaux-Arts comme au musée de la Résistance, vous avez des agents très spécialisés dans le domaine de la sécurité, qui connaissent parfaitement les plans d'évacuation en cas d'incendie ou de hold-up, et qui sont capables à l'instant où ça se produit, de mettre en sécurité les visiteurs, les œuvres, et les autres membres du personnel.

Hugues Mathieu, secrétaire général CGT Ville de Limoges

Sollicitée, la Ville de Limoges n'a pas souhaité s'exprimer sur ces possibles fermetures avant une conférence de presse le 8 décembre prochain (et le prochain conseil municipal du 13 décembre), mais des réflexions sont en cours pour faire des économies face au prix de l'énergie.  Contactée par téléphone, elle conteste les affirmations des syndicats : "aucune décision n'a pour l'heure été prise", et précise par ailleurs, qu'"à aucun moment il n'a été prévu de baisser le chauffage de manière à mettre en péril le personnel et les œuvres exposées". 

Reportage réalisé par Emmanuel Denanot et Matthieu Dégremont.

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