"On les aime, même si on n'est pas amis ou de la famille" : deux aides à domicile racontent leur quotidien

Le 17 mars, c'est la journée nationale des aides à domicile, ces professionnels qui accompagnent des personnes fragilisées par l'âge ou un handicap. Notre équipe a suivi près de Limoges deux d'entre elles, Anaïs et Nathalie, qui sont aux petits soins d'Andrée, 91 ans, et de Damien, 25 ans.

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À chaque mi-journée, Andrée Voisin reçoit la visite d'Anaïs, 28 ans, pour le repas. Ce n'est pas sa petite-fille : cette aide à domicile vient soutenir la nonagénaire dans sa maison de Saint-Laurent-sur-Gorre (Haute-Vienne), mais aussi passer un moment de discussion et d'écoute. "Je me trouve pas mal, malgré l'âge, répond Andrée à un compliment d'Anaïs. La santé, je crois que c'est primordial."

"On rentre chez eux, donc on fait vraiment en sorte qu'ils voient qu'on fait tout pour eux, signale l'aide à domicile chez Atout services 87. On doit améliorer leur confort, pas juste pour passer le balai, faire la vaisselle, on s'intéresse à eux."

Une demi-heure précieuse pour cette ancienne commerçante âgée de 91 ans. "C'est gentil [qu'elle me rende visite]. Oui alors ! On est moins seul," confie Andrée. Dans sa cuisine, elle parle souvent de "l'ancien temps". "J'étais cultivatrice. Et c'était pas une petite propriété, oh non ! raconte Andrée. C'était différent à l'époque, il y avait tout un tas de choses à Saint-Laurent. Il y avait des bals. Et la messe le dimanche. Ça, fallait pas louper !"

Pour 25 à 40 heures de travail par semaine, Anaïs gagne environ 1 800 euros.

"Ça ne veut pas dire qu'on ne peut pas les aimer"

Nathalie, elle, partage une partie du quotidien de Damien. Lui est seulement âgé de 25 ans, mais souffre d'une maladie génétique entraînant une dégénérescence progressive des muscles, la myopathie de Duchenne. Le jeune Limougeaud se déplace en fauteuil, et est relativement autonome dans son appartement.

Le lien de Nathalie et Damien va au-delà de l'assistance physique. "Il est jeune, il pourrait avoir l'âge de ma fille : elle a vingt ans, souligne Nathalie Dussel, pendant qu'elle aide Damien à manger. L'APF [son employeur, NDLR] n'aime pas quand je dis que c'est mon chouchou, mais ils le sont tous. On les aime. Après, on est auxiliaire de vie, on n'est pas ami, on n'est pas de la famille. Mais ça ne veut pas dire qu'on n’a pas le droit d'aimer la personne chez qui on intervient." Elle fait partie des six personnes qui aident le jeune homme chaque jour depuis octobre 2020.

Elle m'aide à réaliser ce que je ne peux pas faire tout seul... C'est-à-dire quasiment tout. (...) Ça me permet de voir des gens, car je ne sors pas beaucoup. Ça me fait mes interactions sociales.

Damien Bonillo

25 ans

Comme Anaïs et Nathalie, près de 40 000 aides à domicile accompagnent les personnes fragilisées en Nouvelle-Aquitaine.

"C'est un métier à plein temps qui manque de reconnaissance. Dans l'imaginaire collectif, on a l'image d'un aide à domicile qui fait le ménage, alors que la fonction va bien au-delà, assure Bruno Jeanton, directeur d'Atout service 87. On est dans le soin, l'accompagnement, on s'assure qu'ils terminent leurs jours dans la dignité."

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