Depuis le début du mois de septembre des visites guidées pour les groupes sont désormais possible dans le village martyr d’Oradour-sur-Glane. Une démarche qui devrait prochainement être complétée par l’arrivée d’une application pour téléphone disponible pour chaque visiteur. Actuellement des chercheurs de la France entière travaillent sur sa finalisation.
Ce jour-là, une dizaine de chercheurs, des hommes et des femmes venus dans le village sont toujours en quête d’éléments de compréhension pour nourrir l’application à laquelle ils travaillent.
« On retrouve des historiens, des géographes, des sociologues, des psycho-ergonomes, puisqu’il s’agit de faire la meilleur médiation possible pour le public le plus large possible. Et effectivement, ces journées d’étude ont aussi pour mission de tester l’application numérique afin de corriger les dernières choses qui mériteraient de l’être », explique Babeth Robert, la directrice du centre de la mémoire d'Oradour-sur-Glane.
L’un des usages de l’application, c’est de montrer la ville au passé, avant destruction, et juste après sa destruction. Sur une base photographique d’archives, et non pas de reconstitution 3D on vient replacer les cartes postales et les images que l’on a pu retrouver, pour faire un montage qu’on vient repositionner en réalité augmentée que l'on peut observer depuis le téléphone en tournant autour de nous-même.
Arnaud Waels, développeur de l'application
Muni de son téléphone, connecté à l’application, Arnaud Waels, développeur pour la société Devocité, détaille les possibilités dont les usagers pourront bénéficier : « Là on voit le tramway, on reconnait bien le bâtiment. On reconnait le poteau du tramway. Et le tram qui est toujours présent à l’époque ».
Une application numérique pour smartphone. Telle est la nouveauté. Nourrie par les suggestions des chercheurs, les visiteurs vont prochainement découvrir le lieu, grâce à la réalité augmentée, alimentée par des photographies et des cartes postales.
« On reconnaît, les montants ici des pierres, sur la carte postale, complète Arnaud Waels. Ce qui nous a permis de localiser l’ancienne épicerie. Et on voit l’enseigne, et donc on peut facilement faire l’analogie avec le bâtiment, qui a été détruit entre temps. Ici, comme vous le voyez, on voit le montant de la fenêtre de l’épicerie. Et pour l’occasion, tous les habitants qui posent. Donc, c’est aussi l’opportunité de voir les habitants, les humains qu’on ne voit plus aujourd’hui. »
A quelques rues de là, Stéphane Michonneau, polo vert, est professeur d’histoire contemporaine à l’université de Lille. Il insiste sur la nécessité de donner des clés de repères.
« Oradour est un lieu extrêmement important. Le site est traversé par près de 300.000 visiteurs par an, et seulement la moitié visite l’exposition permanente, qui leur donne des éléments d’explications. Les autres visiteurs pénètrent directement dans le village dont l’accès est gratuit et n’ont pas nécessairement de repères, et sont souvent en vérité perdus. Ne comprenant pas en vérité, ce qui s’est passé. Il y a beaucoup de contresens » d’où la nécessité de faire ce travail de pédagogie.
« Certains imaginent que le village a été bombardée, se désole l’historien. D’autres l’assimilent à la bataille de Normandie. Donc notre application, elle permet de mieux appréhender, à la fois l’histoire du massacre, mais également, l’histoire de la mémoire du massacre, de 1945 à nos jours. »
L’application aura pour support des commentaires disponibles en 4 langues. Elle sera téléchargeable dans le centre de la mémoire et à priori dès le printemps prochain.