Ce samedi, "Paroles d’anciens" va à la rencontre d’une figure emblématique de la Haute-Vienne et du Limousin : Raymond Frugier, l’ancien maire d’Oradour-sur-Glane.
Aujourd’hui, Raymond Frugier est à la retraite. Un repos mérité après trois mandats de maire d’Oradour-sur-Glane, de 1995 à 2014. Dix-neuf ans au total, pendant lequel Raymond Frugier a œuvré pour la mémoire du village martyr, dont la population a été massacrée par les nazis le 10 juin 1944.
Parmi les faits marquants de sa mandature, cette légion d’honneur, restituée 50 ans après avoir été attribuée à la commune, en février 1949. Car le maire de l’époque n’en voulait pas, les bourreaux n’ayant pas été jugés. Et après le procès de Bordeaux en 1953, quand la légion d’honneur est remise à l’association des victimes, celle-ci la restitue pour protester contre le verdict. Le document est alors perdu et oublié, mais pas par tous :
"J’ai demandé aux préfets successifs de faire des recherches, tant auprès de la préfecture que de la grande chancellerie ces recherches sont restées infructueuses", raconte Raymond Frugier.
Il ne me restait plus alors qu’à m’adresser au président de la République qui avait seul qualité pour signer un brevet dans les termes du décret de 49, ce que je fis auprès de Jacques Chirac lorsqu’il va inaugurer le centre de la mémoire le 16 juillet 1999. Et c’est ainsi qu’il a fallu un demi-siècle pour que cette légion d’honneur retrouve la place qu’elle aurait toujours dû occuper.
"Ce n’était pas l’oubli mais une mémoire assumée"
Œuvrant pour le passé, l’ancien maire a aussi veillé au présent, en agissant pour la réconciliation avec l’Alsace d’une part, l’Allemagne d’autre part. "Cette réconciliation ce n’était pas l’oubli mais une mémoire assumée", dit-il à propos de la première. Quant à la seconde, la venue à Oradour du président allemand Joachim Gauck avec François Hollande, le 4 septembre 2013, en fut une illustration :
"Pour moi ce voyage vient clôturer ce rapprochement qui était indispensable, et il mettait fin à des haines séculaires, déclare Raymond Frugier. Il avait fallu là aussi plus d’un demi-siècle, mais je crois qu’il était indispensable de le faire. Les véritables réconciliations ne se font vraiment que sur les lieux de mémoire."