Avec un taux d'occupation de 230%, les surveillants de la maison d'arrêt de Limoges lancent un nouvel appel pour être entendus par leur hiérarchie.
230% de taux d'occupation : les surveillants de la maison d'arrêt de Limoges s'avouent dépassés par la surpopulation carcérale de leur établissement. Ils lancent, en cette rentrée de septembre 2022, un nouvel appel pour être entendus par leur hiérarchie. Une situation qui est loin d'être nouvelle.
Surpopulation record, toilettes sans cloison, matelas par terre... Des conditions de détention jugées indignes par une députée de Paris, en novembre 2021. Près d'un an plus tard, les surveillants sonnent encore une fois l'alerte.
Aujourd’hui, la situation est catastrophique. On est sur une gestion intenable, si on prend les chiffres : 57 cellules, 131 personnes incarcérées, 20 qui sont trois par cellule, donc 20 personnes qui dorment sur un matelas au sol dans une cellule de moins de 9 mètres carrés
Thierry, surveillant à la maison d’arrêt de Limoges, syndicat FO
Son collègue Mohamed Gasmi, surveillant à la maison d’arrêt et représentant CGT, dresse le même constat et déplore les conditions de travail dans lesquelles il se retrouve en raison de cette surpopulation.
On voit des détenus qui galèrent, nous aussi on galère parce que, du coup, ça crée des tensions, ils sont énervés, donc du coup ça crée des problèmes entre eux et nous, et ils pensent que ça vient de nous et nous aussi on subit comme eux exactement.
Mohamed Gasmi, surveillant à la maison d’arrêt et représentant CGT
Les avocats montent au créneau
En janvier dernier, la maison d'arrêt a fait l'objet d'une inspection du Contrôleur général des lieux de privation de liberté. Cette fois, ce sont les avocats qui comptent se rendre dans toutes les cellules, comme les y autorisent une nouvelle loi. Ainsi, Juliette Magne-Gandois, membre du Conseil de l’ordre des avocats prévoit, " nous allons prochainement effectuer le contrôle de la maison d’arrêt de Limoges dans le cadre de ces textes législatifs. Et donc ce sera l’occasion pour nous d’accéder à ces lieux qui sont en principe non accessibles au public. [... ] je parle par exemple des cellules dites du mitard, les deux cellules du quartier disciplinaire et "des parloirs avocats".
Le plus souvent, ses clients témoignent d'ailleurs de ce "manque d'intimité, le manque d'espace et de manière générale des conditions qui sont compliquées de détention. Je pense également aux missions d'accès au travail, parce que beaucoup souhaitent - une fois qu'ils sont incarcérés - travailler et ça, ce n'est pas toujours possible où en tout cas, pas tout de suite... ", développe l'avocate.
Le quartier des hommes serait l'un des plus surpeuplés de France selon les syndicats. Une situation qui n'étonne pas Prune Missoffe, responsable du plaidoyer à l'Observatoire international des prisons. Elle constate ainsi, dans l'exercice de son travail que " malheureusement la prison de Limoges n’est pas un cas isolé, la France a été condamnée en janvier 2020 par la Cour européenne des droits de l’homme pour traitement inhumain ou dégradant en raison des conditions de détention indignes dans ses prisons et d’une population carcérale chronique et depuis la situation n'a pas évolué ".
Malgré nos relances, et à l'heure où nous publions cet article, l'administration pénitentiaire n'a pas souhaité répondre à nos questions.