Le concours national qui permet aux étudiants en médecine de se répartir par spécialité vient de vivre une importante réforme. Beaucoup d'étudiants ont décidé de redoubler pour améliorer leurs chances de réussite l'année prochaine. Ce phénomène a un impact aussi dans notre région. Quatre questions pour mieux comprendre...
C’est un concours capital pour les étudiants en sixième année de médecine : les épreuves de l’internat. Ceux qui arrivent en tête du concours peuvent choisir la spécialité de leur choix dans la ville de leur choix. Plus le classement baisse, plus ce choix est limité.
Pourquoi moins d’étudiants ?
Le concours vient de subir une importante réforme. Auparavant, il se basait sur les connaissances des élèves, mais aujourd’hui, il comporte, en plus, une épreuve sur leurs compétences. Une note "couperet" a été instaurée, en dessous de laquelle on redouble.
Cette réforme a inquiété beaucoup d’étudiants qui ont décidé de redoubler volontairement leur 5e année pour ne pas essuyer les plâtres d'un concours crucial. Si on ajoute les étudiants éliminés par une note trop basse aux épreuves écrite, la baisse du nombre de candidats au concours est importante, il en manque 1 000 sur 9 500.
Conséquence : le nombre de places d’internes dans les facultés de médecine baisse également, car il y a moins d’étudiants à accueillir. Cette fois, c’est sur le terrain que le phénomène va se ressentir.
Quelle baisse à Limoges ?
Selon le doyen Pierre-Yves Robert, seulement quatre étudiants ont redoublé à la faculté de médecine de Limoges, mais ce n’était pas volontaire : ils ont raté l’examen. Limoges est cependant largement touché par les conséquences de la réforme d’un concours qui est national. Pierre-Yves Robert rappelle : "L’attribution des internes ne dépend pas du succès des étudiants de Limoges."
Il y avait, l’année dernière, 170 places d’internes à Limoges, et 28 disparaissent cette année. Ce sont autant d’étudiants formés en moins. Par exemple, le nombre de places en médecine générale baisse de dix pour passer de soixante-dix à soixante. "On a été consultés pour ventiler cette baisse, explique Pierre-Yves Robert. Globalement, nos souhaits ont été respectés sauf dans quelques spécialités, en particulier en cardiologie et en pneumologie." En effet, la cardiologie passe de quatre internes à trois, et la pneumologie de trois à deux.
Quelle conséquence pour les soins ?
Si les internes sont encore des médecins en formation, ils participent dans les faits à la prise en charge des patients. Pour François Vincent, professeur de pneumologie au CHU de Limoges, l’impact sera réel pour une spécialité déjà en tension : "On est déjà en sous-effectif, et on nous enlève un poste (…). Ce n’est pas une période où on peut se le permettre."
De son côté, la représentante des médecins du CHU de Limoges, Muriel Mathonnet relativise : "Ça ne va pas impacter les soins parce que cette baisse a été répartie de façon harmonieuse. On n’a fermé aucune filière de formation."
Et l’année prochaine ?
Mécaniquement, après une forte baisse cette année, le nombre d’internes devrait beaucoup augmenter l’année prochaine, et le nombre de postes ouverts devrait suivre. Selon Pierre-Yves Robert, le déficit de cette année sera rattrapé l’année suivante. Il se veut donc rassurant : "Les filières qui ont un interne de moins cette année en auront peut-être l’année prochaine un de plus."
L’occasion de mettre en avant les bons résultats au concours de ses étudiants : la moitié des Limougeauds sont dans la première moitié du classement national, et entre quinze et vingt d'entre eux devraient finir dans les 1000 premiers, un résultat jamais vu.