Des enseignants, des agriculteurs, des cadres ou encore des fonctionnaires étaient présent ce 9 janvier 2020 dans les rues de Limoges lors d'une nouvelle journée interprofessionnelle de mobilisation contre la réforme des retraites. Paroles de manifestants.
De nombreux syndicats sont toujours mobilisés contre la réforme des retraites. L'appel à manifester, ce 9 janvier 2020, a été entendu, notamment à Limoges avec plusieurs milliers de personnes qui sont descendues dans les rues.
Au 36e jour de constestation, les opposants sont toujours opposés à cette réforme. Chacun pour des raisons particulières.
Les enseignants
Pour cette représentante du syndicat FSU, pas question de transiger :"Il ne s'agit pas de réclamer des aménagements ou de protester contre l'âge pivot, c'est l'ensemble du projet qu'il faut retirer. Nous ne voulons pas de ce système à points. Il faudrait 10 milliards d'euros pour revaloriser les salaires des enseignants, on sait bien que l'État ne les a pas. J'ai fait mes calculs : si je pars à 62 ans, avec le système actuel je peux espérer 2 000 euros de pension, avec la retraite à points ? 1 400 euros. Alors tant que je n'aurais pas mis 600 euros dans la grève, je continuerai. Cette réforme n'est pas un projet de solidarité. Le gouvernement a un objectif : faire baisser les pensions des retraités dans les années à venir pour faire des économies."
Les cadres
Cheminots, ouvriers, enseignants... Il est moins fréquent de voir des cadres dans les rues. Pourtant, la CFE-CGC était présente dans le cortège de Limoges ce 9 janvier 2020. Un seul mot d'ordre : protester contre la réforme des retraites."Il y a un décalage entre les annonce du gouvernement sur des négociations et les retours que l'on a sur le terrain. Le texte est prêt depuis des années. Cela fait 3 ans qu'il est sur la table et depuis 3 ans, le gouvernement n'a pas changé une virgule. Il n'y a pas que les régimes spéciaux qui sont concernés. Nous voulons des preuves que le nouveau système sera équitable. Lorsque le gouvernement nous répond que le simulateur n'est pas au point, on a du mal à le croire. Malheureusement, dans ce pays, s'il n'y a pas un rapport de force, personne n'écoute personne. Il faut donc descendre dans la rue pour se faire entendre."
Les fonctionnaires
Est-ce que les protestataires auraient mal compris la réforme ? C'est la position que l'on entend parfois parmi les defenseurs du projet. Un argument qui agace cette ancienne fonctionnaire (Force Ouvrière),
"On a l'impression qu'on nous prend pour des crétins, comme si on avait un QI de moineau, mais en fait, nous avons très bien compris la réforme. J'ai été fonctionnaire et mon salaire était à points. L'indice a été bloqué pendant 15 ans, alors qu'on ne vienne pas me dire que la volonté du gouvernement c'est d'augmenter la valeur du point de retraite. Et puis, les 1 000 euros minimum, il faut préciser que c'est pour les gens qui seront à taux plein, c'est-à-dire qu'ils auront travaillé 44 ans sans plus d'un an d'arrêt maladie. Je pense qu'on va être dans la misère, à part ceux qui auront les moyens de mettre leurs sous dans des fonds de pension. La solution pour sortir de la crise ? Il n'y a pas que des employés de la SNCF ou la RATP qui lutteraient uniquement pour conserver leurs avantages. Cette réforme nous concerne tous. Il faut que tous les salariés, du secteur privé et du secteur public descendent dans la rue. On n'aura pas besoin d'y passer 6 mois. Si on arrive à y passer 8 jours, tous ensemble, ça suffira, ils seront obligés de lâcher."
Les agriculteurs
Dans l'un des cortèges limougeauds, des membres de la Confédération paysanne ont fait le déplacement. Alors que les agriculteurs sont censés être les grands gagnants de la réforme avec la pension minimum à 1 000 euros, pour Thomas Guibert, membre du syndicat agricole, le compte n'y est pas, notamment en matière d'égalité homme/femme."En tant qu'agriculteur, chef d'exploitation, cela n'a pas beaucoup de sens de faire grève, mais nous voulions être là pour soutenir les grévistes. Mais nous sommes aussi concernés par cette réforme. Aujourd'hui, avec le statut de conjoint collaborateur, les femmes touchent 630 euros de retraite par mois contre 930 euros pour les hommes. C'est extrêmement discriminatoire. Cette ouverture à la capitalisation, c'est un mauvais signe. Nous, nous souhaitons une agriculture plus locales, à taille humaine, de qualité. Nous allons contre ce libéralisme à tout-va."