Rencontre avec cette jeune femme de 26 ans originaire de la Creuse et qui travaille à Lathus-Saint-Rémy, entre la Vienne et la Haute-Vienne, auprès d'un troupeau de brebis. (Première publication le 6 septembre 2023)
Le teint hâlé par un soleil irradiant, les cheveux blonds se mêlant à la couleur des blés asséchés, Annaëlle Geneton est debout, droite comme un piquet, en plein milieu des champs.
La jeune femme de 26 ans observe, concentrée, les brebis dont elle a la charge. Elle est ouvrière agricole sur un domaine de 200 hectares et prend soin d'un cheptel de 1 400 brebis à Lathus-Saint-Rémy, dans la Vienne, à la frontière avec la Haute-Vienne.
"À cette période de l'année, quand tout est sec, il faut toujours être dans le mouton, les observer. Là, je vois le petit agneau qui boite, ça peut être des asticots ", redoute-t-elle.
Avec la sécheresse, c'est devenu l'un des cauchemars des éleveurs : l'asticot rongeur. Des larves de mouches qui dévorent les bêtes de l'intérieur. Retirer les asticots accrochés au bétail est devenu la principale préoccupation des éleveurs, entraînant des retards dans les autres activités des exploitations.
"C'est une professeure qui m'a donné la passion du mouton"
Faire face aux chaleurs, aux maladies et parasites. C'est l'un des défis de la filière depuis quelques années. "Le métier devient de plus en plus physique, ça devient compliqué de faire de l'élevage ovin", avoue Annaëlle Geneton.
Bottes au pied, mais en tenue de marathonienne, elle enchaîne aujourd'hui sans difficulté les allers-retours entre les pâtures et la grange, elle soigne les agneaux, parfois agités.
L'âge moyen des professionnels de la filière ovine dépasse allégrement les 50 ans, alors Annaëlle fait figure d'exception dans un métier très masculin. Peu importe : c'est une évidence pour elle depuis ses années lycée. "En seconde, au lycée agricole des Vaseix, c'est une professeure qui m'a donné la passion du mouton, puis à Bellac, j'ai eu un formateur incroyable", raconte-t-elle, reconnaissante.
Aujourd'hui, après cinq ans en tant qu'ouvrière agricole, elle espère pouvoir monter sa propre exploitation. Et l'argent est de plus en plus difficile à gagner dans cette filière, avec des charges qui grimpent sans arrêt, sans pouvoir augmenter le prix de la viande qui est déjà très élevé pour le consommateur.
Résultat, malgré les aides à l'installation, le nombre d'éleveurs ne cesse de baisser, ainsi que le cheptel, qui est passé en Haute-Vienne de 300 000 brebis en 2010, à 175 000 en 2022.
Annaëlle espère trouver des aides pour s'installer et poursuivre sa passion : "Je ne me vois pas vivre sans mes brebis", confie-t-elle, déterminée.