Témoignage. "Je ne m'attendais pas du tout à cela" un pouvoir d'achat toujours insuffisant pour les agriculteurs et agricultrices à la retraite

Publié le Écrit par Alexandra Filliot et Marine Guigné

Avec 842 euros par mois, les 29 000 pensionnés agriculteurs du Limousin sont unanimes, les dernières revalorisations sont insuffisantes. (Article publié pour la première fois le 29 février 2024.)

Christian Gauthier, a commencé à travailler à l’âge de quatorze ans. Retraité depuis 2003, il a cotisé pendant 42 ans. Pour cette longue carrière, il perçoit un peu plus de mille euros de pension par mois. De quoi vivre "chichement", comme il le dit lui-même. "On ne fait pas de frais dans les spectacles, dans les loisirs... On est propriétaires de notre maison, on ne paye pas de loyer, on se chauffe au bois, pour le moment, on fabrique le bois de chauffage, mais ça ne peut pas durer éternellement. J'ai quatre-vingts ans et demi, je ne sais pas pour combien de temps je pourrai faire le bois encore.

Je pense que c'est une honte, qu'on a toujours traité les agriculteurs en parents pauvres, et qu'on a jamais tenu compte de ce qu'ils ont fait pour la société.

Christian Gauthier

Eleveur bovin à la retraite

Cet ancien éleveur bovin a rejoint la section des anciens exploitants de la Haute-Vienne, au sein de la FDSEA. Le syndicat pointe du doigt les lois Chassaigne, et la dernière revalorisation en date de cent euros.

Au mois de septembre, le président Macron avait parlé d'une revalorisation des petites pensions de cent euros. En Haute-Vienne, à la MSA, il y a eu deux pour cent des ressortissants du régime qui ont eu 100 euros", explique Daniel Deschamps, président des anciens exploitants agricoles 87. Les autres, ça tourne autour de trois ou quatre euros, jusqu'à dix euros. C'est un peu se moquer de nous." 

En Limousin, on comptait près de 29 000 retraités affiliés à la Mutualité sociale agricole, fin 2023. Selon cet organisme, le montant moyen de la retraite agricole atteint 840 euros dans nos trois départements, et parfois moins, comme Catherine Gauthier, cheffe d'exploitation retraitée depuis 2019. Cette ancienne cheffe d’exploitation, autrefois aide familiale et conjointe collaboratrice, bénéficie d'une petite retraite de 790 euros : "Je ne m'attendais pas du tout à cela". Au-delà de son destin, l'agricultrice retraitée pense aux générations suivantes : "Je me dis qu'aujourd'hui, les jeunes d'aujourd'hui qui partent dans le travail, s'ils seraient contents, s'ils voudraient attaquer... Avoir que ça pour vivre, ça ne vaut pas le coup de se lancer. C'est décourageant."

La prise en compte des 25 meilleures années, à compter de 2026, est au cœur d’une loi promulguée l’an dernier, mais ses modalités d’applications demeurent floues. Pour Patrick Bourrat, président de la MSA du Limousin. "Quand on a vu la loi Chassaigne, on s'est rendu compte que plein de gens sont restés sur le bord de la route. Cette fois, on veut une réforme où tout le monde veut être gagnant. Le Premier ministre l'a dit, il faut que tout le monde soit gagnant. Donc maintenant, il faut que tout le monde s'y retrouve avec une retraite décente, conclut Patrick Bourrat.

La retraite de base des non-salariés agricoles est inférieure d'environ 300 euros par rapport à la moyenne des retraités.  

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