Le 10 août 2024 est une date cochée de longue date dans le calendrier personnel d'Aurélie Battu. Avec l'équipe de France féminine de Waterpolo, la Limougeaude de 26 ans, espère disputer, ce jour-là, l'un des deux matchs du tournoi olympique de Paris pour une médaille. De ses débuts au collège Léonard Limosin à Limoges à ses plus de 90 sélections en équipe de France, en passant par l'équipe de Mulhouse, Aurélie Battu mesure le chemin parcouru.
Avec son gabarit, 1,82 m et 92 kilos, Aurélie Battu, avec ses larges épaules et ses bras impressionnants, impose très facilement sa présence. Pourtant, c'est sa féminité qui se dégage, ses yeux maquillés, son sourire, ses ongles parfaits et ses tatouages.
Un corps pour vaincre et séduire
À 26 ans, Aurélie Battu a fait de son corps son arme fatale, dans ce sport de combat, physiquement très éprouvant, qu'est le waterpolo. Mais son corps, c'est aussi son arme de séduction : "je suis impliqué dans la cause des femmes, et surtout celles qui, comme moi, sont sportives de haut niveau. Je suis grande, je suis très musclée, l'image que cela renvoie, c'est parfois très dur, je me suis pris pas mal de réflexion, mais en fait en dehors des bassins, je suis hyper féminine, je suis une femme et une sportive de haut niveau. À certains moments, mon corps, c'est pour me mettre en valeur, me sentir belle, mais dans l'eau, c'est mon outil de performance, et peu importe ce que les gens peuvent en penser. Donc aller décrocher une médaille aux Jeux, après que tout le monde a donné son petit avis sur mon corps, ce sera pour moi, la meilleure façon de leur dire, vous voyez, j'ai réussi !".
Du collège Léonard Limosin à l'équipe de France
Pour Aurélie, tout a commencé en classe de 5ᵉ au collège Léonard Limosin avec sa section natation. Elle commence à nager sur des distances assez longues, 800 et 1500m, puis elle découvre le waterpolo et c'est une révélation. Elle intègre une section sport études et rejoint le club de l'ASPTT en Nationale 1, où elle joue avec l'équipe première féminine en sénior alors qu'elle n'est que minime. Et elle termine meilleure buteuse de son équipe, vice-championne de France de Nationale 2 en 2015.
Une buteuse en "pointe"
Son bras droit est si impressionnant, qu'elle est recrutée à Bordeaux, en pro A où elle joue "en pointe", le poste le plus physique. Elle termine deux fois vice-championne de France (2016-2017), et elle rejoint en même temps l'équipe de France, d'abord chez les jeunes puis dans le grand bain des séniors.
En club, après un passage par l'INSEP, elle rejoint finalement le club de Mulhouse en 2021 où évolue la quasi-totalité de l'équipe de France et qui dispute la Ligue des Champions européenne, mais elle continue à vivre à l'INSEP et revient régulièrement en Limousin où vivent toujours ses parents.
Du rêve olympique à la blessure
Quand la France et Paris sont choisis pour les Jeux de 2024, Aurélie comprend qu'elle va atteindre le rêve olympique. La France est en effet qualifiée d'office en tant que pays organisateur. Pourtant, en 2020, le rêve est sur le point de se briser. Lors d'un match de préparation pour le tournoi olympique des JO de Tokyo, Aurélie est gravement blessée à l'épaule droite, une adversaire ayant bloqué son bras en plein tir.
Pour Aurélie commence alors une longue bataille, avec une lourde opération et de longs mois de rééducation qui vont forger son mental : " j'ai mis plus d'un an à revenir à mon niveau et c'est là que j'ai découvert la préparatrice mentale, la psychologue. Cette blessure m'a transformée, il fallait que je revienne avec une épaule impeccable, mais le plus important, c'était comment rebondir. C'est la manière dont on surmonte un échec qui fait de nous un superchampion, parce qu'au fond, je n'avais pas confiance en moi, et là, j'ai tellement souffert que cela a effacé le stress".
Décrocher une médaille à Paris
Alors aujourd'hui, Aurélie Battu espère bien décrocher une médaille aux JO de Paris avec l'équipe de France. Aux championnats d'Europe, début janvier, la France a terminé à la 6ᵉ place avec un bilan de 3 victoires et 4 défaites et un total de 66 buts, décrochant sa qualification pour les championnats du monde à Doha du 2 au 18 février.
Aurélie est ambitieuse pour ces jeux "en raison des sacrifices et des choix de vie que toutes les filles de l'équipe de France ont pu faire, car la médaille est possible, et cela pourrait changer beaucoup de choses, pour les clubs et la formation, dans un sport anonyme féminin comme le waterpolo".