Sur la commune d'Ambazac (Haute-Vienne), le député sortant Nouveau Front populaire est arrivé en 2ᵉ position, lors du premier tour des élections législatives, avec 10% de moins que la candidate du Rassemblement national, Camille Dos Santos de Oliveira. Une surprise dans cette commune ancrée à gauche.
Certains électeurs sont encore sonnés après ce premier tour des législatives anticipées, mais pas de répit. Sur le parking d'un supermarché, des militantes du Nouveau Front populaire sont déjà en action pour le second tour. Tracts à la main, elles interpellent des habitants. Un seul partisan du RN accepte de discuter avec les militantes.
"Le RN est perçu comme la solution"
"Moi, je suis issu de la campagne. Je suis ouvrier forestier, détaille un électeur du RN qui évoque la question de l'insécurité, ailleurs... Dans les grandes villes, clairement, je n'y vais quasiment plus. Il y a plein de choses qu'il va falloir revoir en France. Ça ne va pas, ça ne va pas du tout, même. À un moment donné, il faut dire stop, c'est écrit France. Il y a des choses qui ne vont pas, c'est sûr", se désole-t-il.
Dans les grandes villes, clairement, je n'y vais quasiment plus. Il y a plein de choses qu'il va falloir revoir en France
électeur du RN
Il y a deux ans, lors des élections législatives de 2022, le candidat LFI était arrivé en tête avec quatre points d'avance avec un score de 34.54 %. Ce 30 juin 2024, il est 10% derrière la candidate du Rassemblement National.
À la mairie, Peggy Bariat, maire d'Ambazac, prend note du premier tour. "Ce que j'interprète de ce résultat, c'est qu'on paye le résultat de la politique nationale mené depuis quinze ans et particulièrement celle d'Emmanuel Macron. Aujourd'hui, le RN est perçu comme la solution de notre société actuelle [...] En fait, il faut arriver à faire ce lien entre le local et le national", analyse-t-elle.
Entre étonnement et compréhension
Dans cette petite ville, historiquement à gauche, les habitants ne cachent pas leur surprise : "Pour ici, bah moi, je suis étonné, parce que franchement, on vient de la région parisienne, encore là, j'aurais compris. Mais là, ici, je ne comprends pas", avoue un habitant.
Sa compagne est, elle, inquiète : "Ça me fait peur quoi, c'est tout. J'ai peur pour les enfants. J'ai peur de ce qui peut arriver. En ce moment, ce n'est pas la joie."
D'autres Ambazacois disent comprendre les motivations des électeurs qui ont fait le choix de l'extrême droite, bien qu'ils ne les partagent pas. "Moi, ce ne sont pas mes idées du tout. Après, je peux comprendre qu'ils essayent autre chose, même si personnellement, je ne vois pas trop, ce que ça va changer, sachant que beaucoup de gens du RN sont issus des Républicains. Donc, je ne vois pas trop la différence."
Je peux comprendre qu'ils essayent autre chose, même si personnellement, je ne vois pas trop, ce que ça va changer.
un habitant d'Ambazac
"Les gens commencent vraiment à s'associer à leurs idées. Ça peut faire un petit peu peur. J'ai vu quelque chose passé avec les tranches d'âges. À Ambazac, il y a des gens plus âgés et cette tranche d'âge là, aurait plus tendance à voter RN", suppose un jeune homme.
Les gens commencent vraiment à s'associer à leurs idées.
un habitant d'Ambazac
Le résultat du second tour est donc redouté par certains habitants : "Ça va être difficile à gouverner, parce qu'il va y avoir des blocages, c'est sûr", présage un électeur.
La maire d’Ambazac, de son côté, ne cache pas sa déception, mais se dit combative pour faire inverser la tendance, ce dimanche 7 juillet.