Témoignages.  "Les gens se sentent perdus, un peu isolés par rapport à la capitale" : le vote RN dans les petites communes

Publié le Écrit par Sarah Boana

Dans la commune de Bellac (Haute-Vienne), le Rassemblement national est arrivé en tête avec presque 40% des suffrages, pour le premier tour de ces élections législatives anticipées. C'est cinq points de plus que sur l'ensemble de la troisième circonscription. Nous sommes allées à la rencontre des habitants.

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Bellac, à 45 minutes au nord de la Haute-Vienne, compte un peu plus de 3 600 âmes. Dans les discussions ces derniers jours, le dérèglement climatique marqué pour ce début d'été maussade et le résultat des élections législatives anticipées. Ici, le 30 juin dernier, le RN a recueilli presque 40% des suffrages, soit cinq de plus que sur l'ensemble de la 3ᵉ circonscription. 

Pourquoi ce vote ? Chacun avance ses arguments. Un commerçant tourne sa machine pour torréfier le café. Il sent le mécontentement grandir depuis quelques années : "Est-ce que c'est un ras-le-bol ? Quand vous voyez le centre-ville, on voit que rien ne bouge. Je ne pense pas que ce soit une histoire d'idées politiques", suppose-t-il.

"Les gens sont un peu désemparés"

La ville connaît un déclin démographique, elle a perdu près de 500 habitants, entre 2014 et 2020, et, en cascade, un déclin économique avec la fermeture de nombreux services publics. Conséquence : environ 300 emplois de fonctionnaires ont été supprimés, là où la population se sent, souvent, isolée.

Un autre habitant partage le même constat. "Les gens se sentent perdus, un peu isolés par rapport à la capitale. Nous, on est vraiment la petite ville de province. On n'a plus de boulot. Les gens sont un peu désemparés, regrette-t-il. L'insécurité, je n'y crois pas. Je pense qu'il y avait plus d'insécurité à Bellac, il y a trente ou quarante ans, qu'aujourd'hui. C'est le désœuvrement, c'est un tout. C'est triste, c'est inquiétant. C'est une catastrophe. J'espère que dimanche, ça votera un peu mieux, j'appréhende."

À revoir le débat des candidats dans cette circonscription et notre article : LÉGISLATIVES 2024. Qui sont les candidats et les partis du second tour en Haute-Vienne

"On a plus les moyens de survivre"

Même s'ils ne sont pas nombreux à témoigner face caméra, certains assument leur vote RN qu'ils considèrent comme un pas vers le changement "J'ai voté RN, je pense que les Français en ont ras-le-bol de vivre ce qu'ils vivent. On ne peut plus rien faire, on a plus les moyens de survivre. On a plus de médecins, de dentistes. Il faut que ça change, on veut du changement. On ne pense qu'à faire barrage, barrage, barrage, mais c'est tout, on ne pense pas aux Français, s'indigne-t-elle. Qu'on vote RN, ça ne veut pas dire qu'on est raciste. Il faut arrêter de dire ça, on pense toujours à ce qu'il s'est passé auparavant avec M. Le Pen. Maintenant, il faut essayer de voir plus loin." 

"Ce n'est pas suffisant"

D'autres vont encore plus loin, avec des propos extrêmes, en estimant que le RN est la seule solution pour faire revenir la France sur le droit chemin : "Moi, qui suis pour le parti, je trouve que ce n'est pas suffisant. Il y a depuis quelques années, un abandon de la ville. Pour moi, le Rassemblement national, doit faire l'unanimité dans le pays, totalement et partout. Les gens qui sont pour le RN, sont des gens qui réagissent. Soyons clairs, est-ce qu'on veut perdre notre éthique française avec du multiracial (...) personnellement, ça ne me correspond pas beaucoup", explique Joe.

"Je ne sais pas s'ils veulent une révolution"

Sous la pluie, une électrice ne cache pas son inquiétude et surtout son incompréhension d'un tel vote. "Les gens sont insatisfaits. Alors, ils veulent montrer qu'ils ne sont pas contents, donc ils font n'importe quoi. Personnellement, c'est ce que je ressens. Moi, j'ai toujours été d'un même côté, et je reste toujours du même côté, contente ou pas contente. Je ne sais pas s'ils veulent une révolution. Je ne sais pas ce qu'il va se passer, mais, je le sens mal, très, très mal. J'ai peur pour l'après. À moins que les gens se ressaisissent.", se résigne-t-elle.

Des paroles qui révèlent un sujet très clivant dans cette commune qui se retrouve divisée et où finalement peu d'électeurs ont accepté de répondre à notre équipe de reportage. 

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