Lundi 16 octobre, le tribunal de commerce de Cahors a confirmé le placement en redressement judiciaire de la coopérative qui cherche toujours des solutions pour faire vivre le projet de ligne ferroviaire Bordeaux - Limoges - Lyon. Un répit de six mois lui a donc été accordé pour y parvenir. Réaction de Philippe Bourguignon, administrateur de Railcoop.
C'est une bonne nouvelle, ça veut dire qu'on a la confiance du tribunal de commerce.
Philippe Bourguignon, administrateur de Railcoopà la rédaction web de France 3 Limousin
C'est ainsi que l'ancien directeur, aujourd'hui administrateur de Railcoop, accueille la décision du tribunal de commerce de Cahors, rendue lundi soir 16 octobre. "Ça veut dire qu'on a du soutien. Ça va nous permettre d'explorer d'autres pistes de financements", ajoute-t-il.
En Creuse, élus et habitants veulent encore y croire :
Et pourtant, cette nouvelle n'est pas rassurante. La coopérative ferroviaire qui cherche à faire renaître la liaison Lyon, Limoges, Bordeaux en 2024, manque cruellement d'argent et ne dispose plus que de six mois pour parvenir à boucler financièrement son projet.
Mais pour Philippe Bourguignon, président pendant neuf mois et désormais administrateur, le pire était envisageable après l'annonce, fin septembre, de l'échec de la collecte de fonds (pour trouver 500 000 euros destinés à payer salaires et fournisseurs).
Je vous avoue qu'il y a un mois, je ne m'attendais à un tel rebondissement. On craignait la liquidation, qu'ils refusent la prolongation d'activité. Donc le fait qu'on soit en redressement, c'est une très bonne nouvelle... Il y a eu de bonnes fées qui se sont penchées sur Railcoop, je présume.
Philippe Bourguignon, administrateur de Railcoopà la rédaction web de France 3 Limousin
L'administrateur pense ainsi à des soutiens politiques pour ce projet et précise que Nicolas Debaisieux, président directeur général de Railcoop, a écrit une lettre ouverte au Président de la République, "il y a quinze jours" pour faire entendre sa cause : "il y a eu un peu de bruit autour de Railcoop, les collectivités, les élus ont fait le relais, je présume que ça a dû jouer".
Quel avenir ?
Aujourd'hui, on a des perspectives sérieuses, des touches très sérieuses de gens qui sont intéressés pour continuer l'activité. Mais je ne peux pas vous donner des noms, car ça relève du secret professionnel.
Philippe Bourguignon, administrateur de Railcoop
On parle, ici, des pistes de financements privés : "Ce qui a failli dans le projet Railcoop au début, c'est l'absence de soutien des régions, entre autres. La région Occitanie a soutenu un peu. Donc là, on est beaucoup tournés vers des financeurs classiques, privés.
L'administrateur tient également à rappeler que la plupart des sociétaires soutiennent ce changement de voie pour la coopérative ferroviaire : "On a un petit groupe de sociétaires qui n'était pas très enthousiaste pour du financement privé, mais on a une grande majorité de sociétaires qui soutiennent cette position qui consiste à filialiser une partie de Railcoop.
Lors de la dernière assemblée générale, 6 000 votants sur les 14 000 sociétaires de la coopérative ont voté, à 89 % environ, la poursuite de cette stratégie de continuation, selon ce dernier.
Un nouveau conseil d'administration devrait se tenir d'ici à une dizaine de jours.
Quid de l'investisseur espagnol ?
Après ce placement en redressement judiciaire, quel avenir pour le nouveau montage financier, imaginé pour commencer l'exploitation du Bordeaux-Lyon avec l'investisseur Espagnol Serena Industrial Partners ? Un scénario qui comprend la création de deux nouvelles sociétés : la première pour financer les trains ("Rosco"), et la seconde pour les exploiter et supporter le risque commercial ("Opco").
Nicolas Debaisieux avait annoncé le 21 septembre avoir reçu une lettre d'intention d'un fonds européen, qui deviendrait l'actionnaire majoritaire de ces deux sociétés et apporterait le quart des 49 millions d'euros nécessaires pour exploiter la ligne Bordeaux-Lyon. Un autre quart devant venir d'autres investisseurs, et la moitié manquante être empruntée.
Dans un communiqué, mais également par téléphone, Philippe Bourguignon se veut rassurant sur ce projet : "Le lien est parfaitement maintenu et on a de leur part une lettre d'intention qui dit "si vous remplissez telle ou telle contrainte, on s'engage à aller avec vous". C'est quand même très positif !"