Le conseil municipal de Limoges a entériné mardi 27 juin 2023 l'adhésion de la Ville au collectif Bon Sens Paysan qui milite pour un projet de tram-train. La Ville et l'agglo ont fait part de leur souhait de s'engager sur ce dossier, des courriers vont être envoyés à Matignon, à la SNCF, la Région Nouvelle-Aquitaine et à la Préfecture.
Lors du conseil municipal de Limoges mardi 27 juin, l'ensemble des élus a voté en faveur de l'adhésion de la Ville au collectif Bon Sens Paysan qui porte le projet de tram-train et milite depuis plusieurs années pour ce mode de transport, sorte de RER métropolitain. Relancé en novembre 2022 par Emmanuel Macron, ce projet déjà ancien consisterait en des trains régionaux cadencés toutes les demi-heures, voire tous les quarts d'heure aux heures de pointe, pour irriguer les alentours des grandes villes.
"Plus que d’autres territoires en Nouvelle-Aquitaine, la Haute-Vienne possède un riche patrimoine ferroviaire, hérité de l’ère industrielle, qui s’organise autour de Limoges et du chapelet de villes qui l’entoure, indique l'association sur son site internet. Véritable nœud de communication, l'étoile ferroviaire est remarquable tant par son ampleur que par le maillage fin qu’elle assure. Elle comptabilise 8 branches et plus de 400 km de voies".
"La Ville et l'agglo vont s'engager très fortement sur ce dossier a expliqué Emile Roger Lombertie le maire de Limoges (LR) lors de ce conseil du 27 juin, les courriers sont prêts, nous allons les adresser à la Première Ministre Elisabeth Borne, au Ministre des Transports Clément Beaune, au PDG de la SNCF Jean-Pierre Farrandou, au Président de Région Alain Rousset et aux diverses préfectures. Nous souhaitons que le tram-train permette aux gens de la campagne qui ont des voitures diesel et qui risquent d'être pénalisés par la ZFE (Zone à Faibles Emissions) d'avoir accès à des moyens de transport propres à leur disposition. Nous pensons à toutes les populations qui ont des petits revenus et des voitures anciennes".
Nous souhaitons que le tram-train permette aux gens de la campagne qui ont des voitures diesel et qui risquent d'être pénalisés par la ZFE (Zone à Faibles Emissions) d'avoir accès à des moyens de transport propres à leur disposition.
Emile Roger Lombertie, maire de Limoges (LR)
Le dispositif de la ZFE doit être mis en place dès le 1er janvier 2025 dans toutes les agglomérations de plus de 150 000 habitants. À Limoges, s'il voit le jour, beaucoup de véhicules polluants ne pourraient plus circuler dans une grande partie de l’agglomération. Dans ce périmètre, seuls les véhicules dits "propres" pourront rouler, d'où la réticence de nombreux élus.
Un consensus politique
Le projet de tram-train semble plébiscité par de nombreux élus issus d'horizons politiques différents. Pour Gilbert Bernard, élu PCF et conseiller municipal depuis 2014, "il était temps". "Les élus communistes portent ce projet depuis une trentaine d'années, je l'ai moi-même porté lors du précédent mandat. Jusqu'à maintenant, on nous avait dit que ce n'était pas possible, que c'était utopique. Aujourd'hui, on nous dit qu'au contraire on va se battre pour que ce projet aboutisse, moi j'en suis pleinement satisfait".
Jusqu'à maintenant, on nous avait dit que ce n'était pas possible, que c'était utopique. Aujourd'hui, on nous dit qu'au contraire on va se battre pour que ce projet aboutisse, moi j'en suis pleinement satisfait.
Gilbert Bernard, élu PCF, groupe "Gauche citoyenne sociale écologiste"
Lors du conseil du 27 juin, Thibaut Bergeron, conseiller municipal d'opposition à Limoges mais aussi conseiller régional PS s'est déclaré très favorable au projet qu'il a déjà étudié avec l'association. "Face au défi environnemental, il faut anticiper de nouveaux modes de déplacement" déclarait-il début juin sur son compte Twitter.
Les maires de l'agglo, comme le socialiste Ludovic Géraudie au Palais-sur-Vienne, avait d'ailleurs appelé de leurs voeux un "RER à la mode limousine", un projet de halte ferroviaire qui s’inscrit dans le cadre de la revitalisation du centre bourg.
Le projet de loi a été adopté le 16 juin 2023 à l'Assemblée nationale : à cette occasion, le député de Haute-Vienne Damien Maudet (LFI-Nupes) s'est félicité d'avoir défendu l'amendement de sa collègue Manon Meunier également députée de Haute-Vienne (LFI-Nupes) permettant de rendre "les RER Métropolitains accessibles aux communautés urbaines donc possiblement à Limoges".
Le RER métropolitain, ce serpent de mer
Comme le rappellent nos confrères de Franceinfo, l'idée d'un RER en régions est un serpent de mer. En 2019, lors du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, Elisabeth Borne, alors ministre déléguée aux Transports, avait déjà planché sur la question. Son successeur, l'ancien député de Haute-Vienne Jean-Baptiste Djebbari, avait même annoncé en 2020 vouloir débloquer une enveloppe de 30 millions d'euros pour financer les travaux préparatoires au déploiement de futurs réseaux de type RER. Remis en mars 2020 au gouvernement, un rapport complet (PDF) de la SNCF intitulé "Etoiles ferroviaires et services express métropolitains" préconisait que les grandes métropoles concernées par ces services express métropolitains (SEM) étaient avant tout celles avec "de forts enjeux en termes de population et de croissance démographique, de dynamique de création d'emplois et de flux pendulaires".
La question du financement reste évidemment stratégique. En déplacement à Bordeaux le 9 juin 2023, le ministre des Transports Clément Beaune a réaffirmé la volonté de l'État à investir sur l'accélération du développement du RER métropolitain en Gironde, comme le rapporte France Bleu Gironde.