Le foie gras trônera-t-il sur la table du réveillon de Noël cette année ? C'est la question que se posent de nombreux producteurs aux marchés au gras de Saint-Yrieix-la-Perche. En cause, la grippe aviaire mais aussi l'inflation qui engendrent des augmentations.
Tic-tac, tic-tac ... Le réveillon de Noël arrive à grand pas, tout comme l'inquiétude des producteurs de foie gras. À un mois des fêtes de fin d'année, le premier marché au gras de Saint-Yrieix, en Haute-Vienne, a ouvert ses portes.
Entre la grippe aviaire et l'inflation, les producteurs, comme les acheteurs, ont peur de voir une quantité assez faible du plat phare du réveillon sur les étales ces jours à venir.
"Je suis arrivée dès 8 heures"
Avant même l’ouverture, les acheteurs étaient déjà nombreux devant la salle de la Halle de Saint-Yrieix, en Haute-Vienne. Mais les étales, elles, étaient déjà presque vides en moins d’une demi-heure. "Je suis arrivée dès 8 heures. Sinon on n'aurait pas eu de foie", s'exclame une cliente.
À un mois de Noël, les producteurs s’inquiètent et tentent de s’adapter à la demande. Certains sont obligés de préserver leur stock, car l'approvisionnement de foie frais est déjà fini. “On aura du foie déjà tout prêt, car j'ai temporisé un peu de stock au congélateur. Je suis inquiète. On se sent tout petit et un peu écrasé par un système qui nous tombe sur la tête", explique Claire Dufour, productrice de foie gras à La Meyze, en Haute-Vienne.
Avec l'inflation, les prix des pièces de canard sont légèrement plus élevés cette année. Le kilo est passé de 46 euros en 2021 à 52 euros. Mais pas de quoi rebuter les consommateurs.
Un manque d'aides
“Avec la conjoncture actuelle, c’est tout à fait normal si ça augmente un petit peu. Il faut se mettre à leur place”, s'exclame une cliente face à la hausse. Du côté des producteurs, prendre la situation avec philosophie est plus compliqué. “C’est très inquiétant, il y a une grosse perte économique”, raconte Dominique Puivif, producteur en Dordogne.
Le secteur déplore le manque d’aides pour les locaux à la suite de ces épidémies. La demande, trop forte, nécessite d’importer de l’étranger. “À Noël, on trouvera du foie gras, dans les grandes surfaces, qui va arriver des pays de l’Est. À l’heure où on parle beaucoup d’écologie, on ne fait rien pour aider le travail local et les producteurs”, témoigne Annie Arnaud, présidente du comité des marchés primés au gras.
Selon elle, un quart d’entre eux pourraient disparaître dans les années à venir. Dans les années 80, la salle de la halle accueillait une cinquantaine de producteurs contre cinq aujourd’hui.