Taux de crédit en hausse, transactions en baisse, constructions neuves en chute libre : le marché de l'immobilier est en crise. Elisabeth Borne a présenté plusieurs mesures ce lundi 5 juin pour rassurer les acteurs du logement. Des annonces insuffisantes selon les professionnels à Limoges.
Des projets immobiliers bloqués, faute d'investisseurs. Guillaume Deloutre, promoteur et dirigeant de la société Convergence, ambitionne de construire des logements locatifs éligibles à la loi Pinel qui permet de défiscaliser son investissement, en plafonnant les loyers.
Cependant, la fin de ce dispositif est annoncé pour 2024. Les investisseurs ne sont donc plus au rendez-vous : "Ce n'est plus rentable pour eux, entre les taux d'intérêt qui augmentent, l'avantage fiscal qui diminue, les loyers qui plafonnent, l'addition est trop salée, donc ils s'en désengagent".
Plan de lutte contre la crise du logement
Pour les promoteurs, la loi Pinel a été une vraie locomotive. Mais le gouvernement n'a pas prévu d'autre dispositif incitatif dans son plan pour tenter d'enrayer la crise du logement, détaillé ce lundi 5 juin, devant les groupes de travail du Conseil national de la refondation réunis à la Maison de l'architecture à Paris.
Autre annonce majeure de ce plan logement : la prolongation du prêt à taux zéro (PTZ) destiné aux primo-accédants, mais avec une forte restriction : il ne sera désormais plus accessible dans le neuf, pour la construction d’un pavillon. Selon Anthony Puig, directeur d'agences immobilières, l'État devrait proposer un prêt à taux zéro fondé sur la classe énergétique du bien, "c'est-à-dire que plus le bien est mal classé, plus on a le droit à un prêt. Cela pourrait décanter une situation qui est à l'arrêt aujourd'hui."
Aucune baisse des taux d'intérêt n'est annoncée avant la fin de l'année 2024.
Caroline LeybrosDirectrice d'une agence immobilière
Le secteur de l'immobilier est aussi pénalisé par des crédits toujours plus difficiles à obtenir et des taux toujours en hausse, comme l'explique Caroline Leybros, directrice de l'Agence Taux moins cher : "Pour avoir assisté à des réunions avec la Banque de France, ça va continuer, au moins jusqu'à la fin de l'année et il se pourrait qu'il y ait une période de stabilité des taux. Cependant, aucune baisse n'est annoncée avant fin 2024".
Les annonces du gouvernement suscitent la colère des professionnels de l'immobilier. Dans le neuf, la crise est profonde : plusieurs entreprises de constructions limousines sont déjà au bord de la faillite.