Des bâtiments vieillissants et mal isolés : la ville de Limoges estime qu'il faudrait près d'un milliard d'euros, sur trente ans, pour rénover énergétiquement ses écoles. En 2022, 7,7 millions d'euros ont été alloués à ces travaux pour d'amélioration.
"Les fenêtres ont été réparées avec du mastic et dès que le soleil arrive, il fond régulièrement. À l'étage, nous avons des fenêtres qu'on ne peut pas ouvrir sinon on ne peut pas les refermer" : ces mots sont ceux de Fabienne L'Ardillier, directrice de l'école élémentaire Odette Couty, au nord de Limoges.
Trop froid l'hiver, trop chaud l'été
C'est le printemps, les températures sont remontées, et dans quelques semaines, il s'agira peut-être de chaleur excessive, mais les parents d'élèves vont se rappeler cet hiver, et des restrictions énergétiques qui ont fait chuter le confort dans les classes de leurs enfants. Avec le changement climatique, la nécessité de travaux de rénovation n'a jamais été aussi criante.
La maîtresse nous prévenait quand il faisait froid et nous on prévoyait en fonction. Mais être concentré quand il fait 16 degrès, ce n'est pas évident pour les enfants.
Parent d'élève
Les fenêtres ne sont pas hermétiques, il y a beaucoup de déperdition de chaleur. Il y a une vieille chaudière donc ça coûte quand même très cher.
Parent d'élève
L'exemple de l'école Odette Couty n'est pas une exception parmi les 62 écoles de la ville. Depuis 2014, elles sont rénovées progressivement, en priorité, les fenêtres et les isolations thermiques, mais aussi installation de panneaux solaires et végétalisation des cours de récréation : des projets ambitieux, aux budgets colossaux.
"Si on globalise l'ensemble des mesures à prendre dans le cadre de cette rénovation énergétique, les besoins sont de l'ordre de quasiment trente millions par an. Sur une trentaine d'année, on approche le milliard. Nous espérons beaucoup de l'aide de l'État pour nous aider à mener ces travaux à bien et le plus rapidement possible" précise Nicolas Fontarensky, directeur de la jeunesse chargé de l'éducation, la petite enfance et les loisirs à la ville de Limoges.
Selon la municipalité de Limoges, il faudrait cinq millions d'euros pour rénover totalement un établissement scolaire, et près d'un million pour une rénovation partielle. Des chiffres qui semblent vertigineux au vu des trois milliards d'euros proposés par Emmanuel Macron pour restaurer énergétiquement toutes les écoles du territoire français.
"Quand il pleut, les menuiseries prennent l'eau"
Le constat est aussi alarmant, à Guéret, en Creuse : les quatre groupes scolaires de la ville sont en mauvais état et auraient besoin d'entretien et de réparation, selon Marie-Françoise Fourier, maire de Guéret. Un bilan énergétique sur tous les bâtiments municipaux, dont les écoles, est cependant en cours, précise-t-elle, avant de poursuivre "notre priorité, c'est l'isolation des bâtiments". Et pour cause, certaines fenêtres ne sont plus hermétiques : "quand il pleut, les menuiseries prennent l'eau et certaines pièces sont condamnées" explique la maire.
Problème, les prix sont rapidement démesurés : la végétalisation d'une seule cour d'école coûterait 580 000 euros à la municipalité, confie-t-elle. À cela vient s'ajouter la complexité d'entreprendre des travaux sur des vieux bâtiments, ou à l'inverse de pérenniser des écoles construites en préfabriqués, qui vieillissent extrêmement mal. Sans oublier, l'inflation et l'augmentation du prix des énergies qui rendent l'addition encore plus salée.
Autre interrogation, comment engager de tels moyens financiers dans l'éducation, alors même que les fermetures de classes ne cessent de se multiplier.
On nous dit : investissez dans vos écoles alors que cinq classes ont été supprimées à Guéret cette année.
Marie-Françoise FournierMaire de Guéret (23)