À Soulac-sur-Mer, en Gironde, le "Signal" est le premier immeuble en France détruit à cause de l’érosion du littoral et de la montée des eaux. Un ancien propriétaire, qui est revenu vivre à Limoges, se souvient des bons moments passés là-bas.
Dans les mains de Gérard Grelle, une série de clichés : des visages souriants, en maillots de bain, au bord de la mer. Ces photos ont été prises à Soulac-sur-Mer, en Gironde, il y a une quinzaine d’années : « C’est des bons souvenirs. C’était une période heureuse ».
Cet ancien professeur de l’Université de Limoges était l’un des 78 propriétaires de l’immeuble le "Signal", construit dans les années 60, sur le littoral Atlantique. Le retraité limougeaud avait acquis l'appartement en 2008 pour y passer sa retraite. L’homme, qui souffre d’un handicap moteur, regrette les bienfaits que lui procurait la proximité de la mer :
Ça me maintenait en forme. Je faisais toute la côte, face au Cordouan, jusqu’au Signal. C’était une thérapie à la fois physique et spirituelle.
Gérard Grelle, ancien propriétaire d'un appartement dans l'immeuble le "Signal"
Mais en 2014, comme tous les autres propriétaires, Gérard Grelle a dû quitter le "Signal". Menacé par la montée des eaux, l’immeuble a été évacué par les pouvoirs publics.
Depuis, abandonné, l’immense bâtiment de béton était devenu un spot pour les graffeurs. Sa démolition a démarré il y a quelques jours.
« Les premiers réfugiés climatiques de France »
Pour Véronique Maleval, professeur de géographie environnementale de l’Université de Limoges, les habitants du Signal sont les premiers réfugiés climatiques de France. Selon elle, l’histoire de cet immeuble va être amenée à se reproduire. Car le réchauffement de la planète entraîne des phénomènes qui contribuent à la montée du niveau des mers :
La dilatation thermique des océans (parce qu’une eau plus chaude prend plus de place), la fonte des glaciers de montagne et la fonte des calottes polaires.
Véronique Maleval, professeur de géographique environnementale à l’université de Limoges
Selon l'ONU, seule la réduction des gaz à effets de serre pourrait freiner la montée du niveau des océans. En attendant, à Soulac-sur-Mer, la destruction du "Signal" se poursuit, à seulement quelques mètres de la mer. D’ici à un mois, il ne restera de cet immeuble que des photos.