Depuis plus de quatre décennies, l’élevage Pimpin de Beynac en Haute-Vienne, porte haut les couleurs de la race bovine Limousine. Les frères Alain et Michel passent progressivement la main aux filles de la famille…
Ce jeudi 3 mars, la famille Pimpin renouait avec le salon de l’agriculture de Paris annulé l’an dernier pour cause de Covid. Un retour en force, sur les 40 bovins sélectionnés pour le concours de la race Limousine, le GAEC haut-viennois en présentait quatre.
Après 3h30 de défilés sur le grand ring du Hall 1, l’élevage de Beynac (87) a raflé trois premiers prix : Onyx, dans la section vaches suitées et l’impressionnant Maréchal, dans la section taureau adulte et championnat poids lourds.
Sur le ring, il y a toujours un frisson. C’est une reconnaissance pour toutes ces années de travail.
Alain Pimpin, éleveur de Limousines à Beynac (87)
Une histoire de famille
Après la seconde guerre mondiale, la ferme familiale ne comptait que deux ou trois vaches laitières, un cheval... Au décès de leur père, les trois frères, Alain, Michel et Didier prennent la succession de l’exploitation.
A force de travail et de passion, ils montent un élevage de Limousines et participent à sa sauvegarde alors que la race était sur le point de disparaître dans les années 60.
Adonis, Trompeur, Prodige, Maréchal…en 50 ans, avec 42 prix, les bêtes des « Pimpin » ont moissonné les récompenses des championnats mâles et femelles du salon de l’agriculture. Le secret ?
« Il n’y a pas de secret. Il faut trouver des sangs qui s’accordent, chercher les gènes fixés par rapport aux critères de la race. Je me sens comme un grand cuisinier qui va mettre une pincée de ci ou de ça. Tu ne sais qu’à la fin si la soupe est bonne ou pas » précise Alain Pimpin.
La relève
Christel, Fabienne et Maïté, trois des quatre filles d’Alain Pimpin ont baigné depuis leur enfance dans la race bovine limousine. Aujourd’hui, elles reprennent le flambeau et défilent aux côtés de leur père.
« On a toujours vécu à la ferme de Beynac. C’est naturel de prendre la suite. Avec mes sœurs, ma famille, nous sommes très soudées. Il y a un lien fort. Parfois c’est dur, on peut s’engueuler mais deux minutes après c’est du passé » explique Christel, une des filles d’Alain Pimpin.
Des retrouvailles avec le salon
« Cela fait très plaisir ces récompenses. Mais, vous savez, il faut de la patience et de la passion. Il n’y a pas que les vaches de concours, il y a aussi toutes les autres dont il faut s’occuper tous les jours à la ferme » tempère Christel.
Un travail quotidien et prenant auprès de 200 vaches-mères dans leur exploitation de Haute-Vienne de 230 hectares.
Les retombées
« Le salon de Paris est très important pour nous éleveurs. Quand on obtient des prix, des clients passent ensuite à la ferme acheter des taureaux et des génisses. Même des étrangers, Espagnols, Italiens, Belges, font le déplacement » ajoute Christel.
Quel avenir pour la Limousine ?
« On ne choisit pas les prix des animaux que l’on vend, on subit. Ce que l’on aimerait, c’est avoir un prix fixe. De plus, avec l’augmentation du prix des céréales, de la paille, des engrais, cela devient compliqué. Des éleveurs arrêtent… » explique Christel.
Une crise du monde agricole qui n’épargne pas la race bovine Limousine. « En France, en dix ans, on a perdu 600 000 vaches. Même si la Limousine est plus stable en nombre d’animaux, le problème, c’est le revenu des éleveurs. Avec un demi SMIC pour un investissement de tous les instants, ce n’est pas normal. Il faudrait que les consommateurs acceptent de payer un peu plus cher leur viande » complète Jean-Marc Escure, directeur de Limousin Promotion.
En attendant une révolution dans les pratiques de consommation, la famille Pimpin reprendra la route avec ses Limousines primées, ce dimanche 6 mars à la fin du salon de Paris. Quitter les projecteurs de l’éphémère « plus grande ferme de France» et rejoindre le Limousin, berceau de la race.